Saint-Pons-de-Thomières et le Pays Saint-Ponais
Histoire et patrimoine de l'ouest du département de l'Hérault

La fabrication : les fours

Extrait de : "Les verreries forestières de Moussans" (1450-1890) par Francis de RIOLS de FONCLARE - 1925 (voir le sommaire).
("Les moyens et les modes de productions")

Quels étaient les principaux lieux où se trouvaient les fours verriers de la région Moussanaise ?
On peut les placer chonologiquement ainsi :
1) Le four viel (dont il est question dans l'acte d'inféodation du 28 mars 1487),
qui se trouvait situé au paï del mouli : lieu se plaçant entre le château actuel de Moussans et l'agglomération de Galinier (anciennement appelé Notre-Dame de Sérières).

2) Le four de Moussans,
fondé par Bernard Almoy ou son aïeul, situé sur l'emplacement actuel du château.
La forêt de Moussans était, ainsi que celle de Campaurel, des forêts appartenant à la Couronne (Voir archives notariales Mathieu de Lassière à Carcassonne - archives notariales Jean Mas à Labastide-Rouairoux, janvier 1613)

3) Le four de Crouzet
Cette verrerie était située sur le plateau de cette montagne, et il reste encore de nombreux vestiges.
Plusieurs petits creusets ronds contenant environ 100 à 150 kilogrammes de verre, des bronsons de burettes et de pourrons, des verres colorés, des briques de four recouvertes de leur enduit, des petites fioles verdâtres faites à la main, le fond piqués, des pinces se retrouvent très aisément aux abords de la bergerie existant encore (Elle appartient à M. Albert Cabrol).

Fours de verrerie


La verrerie de Crouzet peut se situer géographiquement sur le mamelon s'élevant au sud du ruisseau de la Resse, à environ un kilomètre à vol d'oiseau de la ferme de Lautié, et à près d'un kilomètre et demi à vol d'oiseau de la ferme de Value.

Le Crouzet


Cette verrerie fut l'apanage presque exclusif de la branche des Riols, sieurs del Causse.

Signalons aussi une correspondance en 1782 entre l'intendant du Languedoc Débonnaire de Forges et le subdélégué de Saint-Pons, relative à une requête par laquelle un sieur de Larpens [Robert, sieur de Larpens] demande l'autorisation de rétablir la verrerie du Crouzet, près Moussans, dans la paroisse de la Fon de l'Estat, et de laquelle il résulte que la verrerie de Crouzet est déjà concédée à de Fonclare qui exploite des verreries voisines depuis plus de trente ans.

Le dépôt des objets fabriqués à la verrerie de Crouzet fut pendant un certain temps la maison dite du "Tilleul", joignant les immeubles Fabre, Molinier, Robert-Fraysse. Cette maison appartient encore à la famille depuis le 27 mai 1825 (Etude Valette, Saint-Pons). Elle changea plusieurs fois de propriétaires.
Pendant l'hiver, l'accès de Crouzet était malaisé, même aux mulets allant chercher avec des bâts les marchandises ; aussi la nécessité fit construire ce dépôt.

Cette verrerie est fort ancienne, comme nous l'avons vu dans l'étude des familles des verriers de Moussans, et elle fut aussi inféodée à la famille de Riols, sieur del Causse.

Par une étude des lieux actuels, nous avons retrouvé l'emplacement de l'ancien four. Il est situé à environ quarante mètres de la métairie de M. Cabrol, du côté de la Resse. On retrouve aisément les bases en maçonnerie soutenant la petite halle qui protégeait ce four ; de même l'emplacement de l'ancienne cave servant au dégrillage. Cette cave est orientée nord-sud, à un emplacement excellent pour utiliser les forts courants d'air de ce plateau ; Voici quelles devaient être approximativement les dimensions de cette halle d'après les fondations restantes : longueur 10 à 12 mètres - largeur 8 mètres.


Différentes étapes de la construction d'un four

De l'examen attentif des décombres qui d'ailleurs ont été utilisés partiellement par l'actuel propriétaire pour la construction de murs de clôture, il résulte que pour la fosse du four en question, les anciens maîtres verriers utilisaient des briques réfractaires crues des dimensions suivantes : 35 x 25 x 20 cm environ et aussi des pierres ferrugineuses qui étaient fort abondantes dans la région des Verreries à Courniou.
De telles pierres étaient placées derrière un première rangée de briques réfractaires. Nous avons en notre possession un fragment des dites pierres. Elles se présentent sous forme lamellaire, percées d'une multitude de trous et la couleur générale est d'un rouge brun très accentué. La densité est d'environ 2,3 . Au contraire, la densité des terres réfractaires trouvées au même emplacement est : de 1,51 à 1,70 pour les terres cuites - 1,90 à 2,1 pour les terres crues.


Moules pour la fabrication des briques du four

Nous avons trouvé également en parfait état de conservation un petit creuset ovale ayant 62 centimètres suivant le grand axe de l'ellipse d'ouverture, 50 centimètres suivant le petit axe et une hauteur totale de 37 à 40 centimètres. L'épaisseur du fond du creuset est de cinq travers de doigt et les côtés d'environ deux (4 centimètres).
La terre employée pour la confection de ces creusets est d'une couleur jaune clair et d'un grain très serré, elle résistait bien à la température des fours de l'époque que nous envisageons car les bords, sauf les extrémités sont d'une épaisseur à peu près égale. Il y a de nombreuses perforations provenant des sels de fer contenus dans les matières employées dans la composition du verre, principalement dans le sable et le carbonate de chaux.


Un étape de la fabrication des pots (ou creusets)

Disons en passant, pour ne pas y revenir en étudiant l'outillage que ces pots étaient faits par les verriers eux-mêmes, leur symétrie relative impliquerait cependant l'usage d'un moule en bois articulé ayant les mesures correspondantes à celles de l'ouverture du four.

La verrerie de Crouzet ainsi que celle de Moussans étaient les seules construites d'une façon permanente et durable.
Elles étaient recouvertes et elles ne chômaient que pendant les réparations nécessaires aux fours, en observant autant que possible les prescriptions royales, n'autorisant le travail dans les verreries que pendant neuf mois.

Nous classerons les verreries permanentes et celles que nous pourrions appeler "intermittentes", qui se déplaçaient suivant les coupes de bois.
Ces dernières portaient le nom de "gabassières", c'étaient des ateliers provisoires, couverts en planches ou bruyères et qui par suite n'avaient qu'une existence précaire.
La scie hydraulique installée à la Resse les approvisionnait en planches. […]

Sur la route de Favayroles à Authèze, un Cauquil avait installé une verrerie minuscule pour la fabrication des bagues noires utilisées par les tisserands.

Une autre verrerie de quatre creusets, de la grandeur d'un seau existait au centre du village, proche le lieu dit le Terrier, et attenante à la terre de M. Ulysse Cauquil, elle était la propriété d'un de Robert, sieur de Terme de la famille apparentée à la famille de Riols.

A la proximité de la ferme actuelle de Balagou (appartenant à M. Sahuc, de Saint-Pons) existait aussi une verrerie. Balagou est située sur la droite du chemin allant des Verreries à Rieussec, à environ un kilomètre de la ferme de Lautié.
D'une correspondance que nous eûmes avec le regretté M. Sahuc, il résulte qu'aux alentours de Balagou, les briques réfractaires à demi calcinée, les débris de verres colorés et de creusets abondent. Certains objets fabriqués dans cette verrerie nous ont été prêtés pour l'exposition de Toulouse 1924, par M. Sahuc : ce sont des verres à boire d'une légèreté extrême ayant la forme conique et le pied assez élevé. L'un est en verre blanc d'une remarquable finesse et les pieds de couleur bleutée ou verte.

Il n'y a pas eu de verrerie au four de Lartigue, mais bien un four à chaux.

Une autre verrerie plus récente était dans le jardin attenant de M. de Robert : elle était située en contrebas du chemin n° 47.
Sur cette petite verrerie, rien d'intéressant à signaler si ce n'est que la cave du four où s'opérait le dégrillage a été transformée en puisard. La plupart des pierres réfractaires qui en composent les parois sont aisément reconnaissables à leur enduit vitrifié. De nombreux débris de creusets, de verres colorés attestent encore de l'existence de ce petit four.

Signalons aussi une verrerie forestière, à proximité de Lautié et qui appartenait à un membre de la famille de Robert : François de Robert, sieur de Lautié, est condamné en 1668 à cent livres d'amende pour malversations commises pour le chauffage de sa verrerie dans la forêt royale de Moussans. Un membre de cette famille alla se fixer à Fourtou.

Un autre four verrier était au lieu dit Ginestiès au-dessus de Balue, à proximité du plateau de Bel soleil (783 m.).

Suite Le four de Moussans "

Francis de Riols de Fonclare


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