Saint-Pons-de-Thomières et le Pays Saint-Ponais
Histoire et patrimoine de l'ouest du département de l'Hérault

Le "colonel-comte" Alexandre de Treil de Pardailhan
(1762-1822)

Alexandre de Treil de Pardailhan est le 9 janvier 1762 à Saint-Pons alors chef-lieu de diocèse en Languedoc. Il est issu d'une famille de la petite noblesse locale; son père François de Treil, baron de Pardailhan, seigneur de La Caunette et Aigne s'est marié dix ans plus tôt avec une Parisienne Jeanne Ragon, qui lui a déjà donné trois enfants.

Alexandre, fils cadet, est d'abord destiné à la vie ecclésiastique: en 1779, à l'âge de 17 ans, il est installé chanoine du chapitre de la cathédrale de Saint-Pons, succédant à son oncle.
En 1782, à la suite de l'héritage de ses grands-parents, il renonce à sa charge de chanoine en faveur de son jeune frère Magloire, et débute une carrière militaire: le 4 mai 1783 il est garde du corps du roi et breveté lieutenant de cavalerie en 1788.


Garde du corps du roi vers 1780

Opposé à la Révolution il émigre sans doute vers 1791, comme la plupart des jeunes militaires nobles de Saint-Pons: ainsi son beau-frère le chevalier de Planque, et ses cousins Louis et Maurice de Villeneuve rejoignent l'armée des émigrés en Rhénanie.

Son frère ainé le baron Thomas-François de Treil de Pardailhan, ancien mousquetaire, lieutenant-colonel d'infanterie, maître d'hôtel du roi à Versailles, et dernier seigneur de Pardailhan fait le choix inverse: il est élu en 1791 député de Paris à l'assemblée législative et se préoccupe des questions militaires (déclaration de guerre en avril 1792). Il propose notamment une loi portant condamnation à mort des officiers émigrés déserteurs ! Ce qui provoque une inimitié durable entre les deux frères.

En 1792, Alexandre, qui se titre désormais "comte de Pardailhan" fait la campagne des princes en tant que garde du corps, il est ensuite sucessivement lieutenant-colonel dans un corps d'infanterie légère de l'Electeur de Mayence (1794), chef de recrutement de l'Armée de Condé (1795), et capitaine d'un régiment de Loewenstein au service des Britanniques (1796-1797) En 1798 et 1799 il se trouve à Londres. [voir le mémoire pour confirmation du grade de lieutenant-colonel]

En 1792, il s'est marié avec Madeleine Gross, une jeune allemande de 16 ans qui lui donnera treize enfants.
Début 1800, il rentre en France, à la faveur du régime du Consulat, il demande sa radiation de la liste des émigrés (et prétend être resté en France, dans une bergerie à Fraïsse, près de La Salvetat durant la Révolution). Il est amnistié en octobre 1802 des faits d'émigration, sa surveillance n'est levé qu'en 1810 et il est signalé à plusieurs occasions, comme agent royaliste à Saint-Pons par la police .

château de La Caunette
Le château de La Caunette, aujourd'hui

Il se retire dans son château et domaine de La Caunette,dans le Minervois, où il développe l'exploitation minière . En 1806, il provoque l'expropriation de son frère Thomas-François du domaine et château de Pardailhan. De nombreux procès s'ensuivent, qui opposent Alexandre à sa belle soeur le baronne Charlotte de Treil de Pardailhan .

A la Restauration en 1814, Alexandre est brièvement réintégré dans l'armée comme brigadier des gardes du corps du roi Louis XVIII. En juillet 1814, il est nommé sous-préfet de l'arrondissement de Saint-Pons (1814-1815 à 1822).


En-tête de la sous-préfecture de Saint-Pons: "le colonel-comte de Pardailhan, chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis, sous-préfet du quatrième arrondissement de l'hérault" aux armes des Bourbons (Restauration)


L'administration de l'arrondissement de Saint-Pons se déroule sans conflit majeur de 1814 à 1822. Pendant les Cent-Jours en 1815, le Comte de Pardailhan se réfugie à La Caunette.
Au retour des Bourbons, redevenu sous-préfet de Saint-Pons, Alexandre de Pardailhan se montre inquiet et réclame systématiquement au préfet des mesures répressives.
Malgré son extrémisme et ses nombreuses absences pour se rendre à La Caunette, il garde la confiance de ses supérieurs:

M.le Comte de Pardailhan, sous-préfet de Saint-Pons (qui est la Sibérie du département), a été attaqué plusieurs fois: on l'a accusé dans ses opinions d'une exagération que je n'ai jamais remarqué dans ses actes; c'est même un homme doux et conciliant. Il a onze enfants, peu de fortune et est un peu trop souvent dans sa propriété (La Caunette) à deux lieues de Saint-Pons.Mais au total sa sous-préfecture va et le Roi peut compter sur lui en toute occasion.

Le 19 septembre 1822, Alexandre de Treil de Pardailhan est décédé dans son château de La Caunette. Le tombeau familial des Treil de Pardailhan près de l'église de La Caunette a été détruit; il subsiste le château, vaste demeure rurale, amputée de ses jardins. La famille de Treil de Pardailhan a quitté le Minervois dans la dernière moitié du 19ème siècle.


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