Il nous faut donner quelques détails supplémentaires sur la verrerie de Moussans qui fut de beaucoup la plus
importante de cette région. La verrerie en question comprenait primitivement des fours
chauffés au bois, comme nous l'avons vu précédemment. Rien de particulier à dire là-dessus.
En 1868, le propriétaire M. Gustave de Riols de Fonclare (officier de la garde impériale, se reporter à la
généalogie) fit construire un four rond au système dit "parisien".
C'était un four chauffé au charbon, ayant un seul tisard et à fusion continue. Il contenait sept pots couverts sans
compartiment. Ces pots contenaient environ quatre cent kilogrammes de verre, sauf le septième qui n'avait que 60 cm d'entrée.
M. Gustave de Fonclare avait même fait venir un fournaliste spécialisé nommé Bouquet, et il se proposait en plus des
articles du pays de faire la gobletterie fine. Il fit même installer une taillerie perfectionnée qui était dirigée par
Bastien Canavèse.
A la suite de mauvaises affaires, la propriété passa aux mains de M. Fourcade qui, avec M. Eugène de Riols de Fonclare,
comme chef de fabrication voulut fabriquer du verre.
En 1875, M. Eugène voulut essayer la fabrication avec des pots découverts ; dans ce but, il refit la couronne du four
à charbon, en l'abaissant d'environ 15 centimètres, cela ne donna pas de bons résultats.
En 1876, il fit une campagne infructueuse avec pots couverts et pots demi couverts à compartiment pour le verre vert.
La verrerie de Moussans fut louée ensuite à M. Gustave de Riols de Fonclare-Chevalier qui fabriqua pendant de courtes campagnes jusqu'en 1887.
La fabrication a cessé depuis.
Le four à bois comprenait huit creusets couverts dans lesquels quatre étaient en travail, pendant que dans les quatre autres, le verre se fondait. Le verre obtenu était fort joli et bien limpide. Le chauffage était régulier. Autour de ce four, il y eut jusqu'à huit places montées, mais souvent la place n'était composée que d'un verrier travaillant seul à des topettes.
Les pourrons se faisaient souvent à un seul ouvrier qui les soufflait, faisait l'embouchure après l'avoir
apontillé et il posait le broc.
Les places à flacons étaient composées d'un ouvreur et de deux souffleurs.
Les verreries à bois ne pouvaient guère se maintenir plus longtemps, par suite de l'âpre concurrence faite par
les verreries créées plus récemment; d'autre part, la verrerie de Moussans avait de très grandes difficultés pour
s'approvisionner en charbon, à cause des distances et de la cherté des
transports.
C'est à notre avis la cause principale de la cessation de cette usine pourtant si ancienne.
Il faut citer comme causes secondaires la dispersion des verriers, dès 1859 dans la région de Toulouse,
et dès 1880 dans le Lyonnais; de même la propriété des bois environnants,
Moussans ayant cessé
d'appartenir au fabricant, celui-ci risquait d'être tenu à merci par le prix de vente du bois de chauffage nécessaire
à ses fours.
Comme nous l'avons vu dans l'étude géographique de la région de Moussans, la
population est tombée de 722 habitants en 1866, à 268 en 1921.
Est-ce une cause ou un effet de la disparition de l'industrie du verre ? Les 454 manquants n'étaient pourtant
pas tous des familles de verriers. Il y a une loi fatale d'absorption de la campagne par la ville jusqu'au moment
où l'équilibre est rompu, par la pénurie des produits nécessaires à la vie
Dans beaucoup d'actes, il est question de la veriere et de la veriero nauto : de nos jours encore ces appellations se retrouvent.
Le chef lieu de la commune des Verreries de Moussans se compose de deux hameaux distincts
1) L'un situé sur la rive gauche du Thoré se nomme la "Verrerie Basse". Ce hameau groupé autour du grand tilleul est cependant géographiquement le plus élevé ;
2) L'autre situé sur la rive droite du Thoré, groupé autour de l'église, se nomme la "Verrerie Haute",
il est cependant géographiquement le plus bas .
Ce contresens apparent a une origine ancienne : dans le lieu dit actuellement les Verreries Hautes, résidait
la famille de Riols de Fonclare-Causse qui, primitivement nous l'avons vu, était seule propriétaire de la verrerie
du pla du Crouzet,d'où le nom de Veriero nauto, trouvé si fréquemment dans les actes de vente ou de partage : Les Verreries
Basses étaient le plus basses
par rapport à la verrerie de Crouzet.
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" Francis de Riols de Fonclare |