Issu d'une très ancienne famille du Pardailhan,
né en 1859, Jean Miquel est un exemple remarquable de
naturaliste pluridisciplinaire.
De formation juridique, licencié en droit de l'Université de Toulouse, il est propriétaire vigneron à Barroubio, le
village de ses ancêtres (commune de Saint-Jean-de-Minervois, autrefois
Pardailhan).
Sa curiosité naturelle l'amène à s'intéresser aux sciences naturelles et historiques, telles que la botanique, la
géomorphologie, l'agriculture, la préhistoire et l'archéologie.
Il doit sa passion pour la géologie à sa rencontre avec son premier maître, le professeur Cannat, alors président de la
Société d'histoire naturelle de Béziers. Ce dernier lui enseigne ses premières notions de géologie, et le met en contact
avec le Professeur de Rouville de Montpellier.
D'autres rencontres sont fructueuses. Avec le Dr Coulouma, il partage ses travaux archéologiques et historiques; le
Professeur Depéret, l'initie aux recherches paléontologiques; le Professeur Feaut de Montpellier enrichit
ses connaissances
en botanique.
Miquel entretient des relations épistolaires avec les grands paléontologues européens de l'époque, tels que Grönwall,
Barrande (qui a visité Barroubio) , Stubblefield, Howell, etc.
Jean Miquel publie de nombreux articles dans les revues des sociétés savantes régionales de l'époque, comme les sociétés
d'études scientifiques de l'Aude et de Béziers, et les bulletins géographiques du Languedoc et de la
Société archéologique
de Béziers.
La première publication géologique de Miquel ( 1893) souligne le caractère autodidacte et spontané de ses recherches
paléontologiques et stratigraphiques, et attire immédiatement l'attention d'autres chercheurs.
«Si mes conclusions sont bonnes ce sera une pierre ajoutée à ce grand édifice que nos maîtres ont si bien échafaudé ;
si elles sont fausses, que mon inexpérience et ma bonne volonté me valent un peu d'indulgence.» ( Miquel 1893) .
«Dès ses premiers débuts (1892) un jeune observateur, aussi passionné qu'intelligent, éclos spontanément à l'art
de l'observation. M. Jean Miquel, qui eut le grand mérite de savoir, en toute simplicité, sans préjugé ni objectif
systématique, noter, dans l'ordre où elles s'offraient à lui, les différentes masses minérales qu'il rencontrait
dans le trajet, mille fois fait par lui, de Barroubio, où il habite, jusqu'au hameau de Coulouma [...] . M. Miquel
releva un à un, les divers termes de l'admirable série qui se déployait sous ses pas, et les énuméra dans sa modeste
mais très importante notice» ( Rouville 1893).
Ses publications montrent sa grande connaissance géographique et stratigraphique de sa région, ainsi qu'un strict
raisonnement logique.
Ses descriptions géologiques et stratigraphiques sont remarquables par leurs précisions. Son raisonnement stratigraphique
permet de considérer ses travaux comme de véritables guides de géologie régionale.
Après 1925 il ne sort pratiquement plus sur le terrain mais range et étiquette ses anciennes trouvailles ainsi que celles
que lui amènent ses ouvriers et collaborateurs.
Il échange une partie de sa vaste collection de fossiles avec plusieurs
musées et universités européens ( Copenhague, Lille, Montpellier, Paris, Prague, etc. ) où, encore aujourd hui, il
est possible de trouver les «collections Miquel» .
Jean Miquel érudit local a également publié ses travaux de recherches historiques et archéologiques (notamment
dans l'essai sur l'arrondissement de Saint-Pons), qui font encore référence (bibliographie de la dernière édition de Histoire du Languedoc - Privat).
Plus anecdotiquement, il s'est également intéressé à la
modernisation
de la région, et a proposé la construction du ligne de chemin de fer à travers le Pardailhan.
Décédé en 1940, son corps repose dans le cimetière de l'église Saint-Jean-de-Dieuvaille, au fond d'une gorge près
de Barroubio.
Jean Miquel avait épousé en 1882 à Pardailhan Marie Galinier, fille d'Auguste ancien maire de Saint-Pons et propriétaire du domaine de Rodomouls;
de cette union descendent, par
voie féminine,
les Miquel de Barroubio.
Controverses géologique sur le Cambro-Ordovicien de la Montagne Noire (France) à l'aube du 20e siècle :
les contributions de Jean Miquel (1859-1940) par José Javier ÁLVARO et Daniel VIZCAÏNO