"Le nom s'orthographie le plus généralement Almoy, Esmouy, ou Ennouy, ou Alemois.
C'est la famille de gentilshommes verriers, qui existe depuis le plus de temps dans
la région Moussanaise. L'acte le
plus ancien est celui du 28 mars 1487, que nous publions in-extenso à la fin du présent livre.
C'est un acte de nouvelle inféodation par le "très chrestien prince Charles par la grâce de Dieu, roy de France",
représenté par le clavere Jean Bens, gouverneur de Minerve, en faveur de noble Sycart Almoy, à qui le roi baille à nouveau
fief et à nouvelle capte son profit les casals appelés les cazals del four viel, situés dans la forêt royale de
Campaureilh, près du ruisseau de Nostre Dame.
Verrerie au 15ème siècle
Ce document montre qu'un four de verrerie, appelé le four viel, existait dans la forêt de Campaurel, antérieurement
à 1487.
Noble Sycard Almoy était le fils de Bernard Almoy.
La censive annuelle payée au roi ou à son "clavere" de Minerve, était "de quinze soulz tournois, payables à la feste
de la Pentecauste".
Signalons en passant que la fête patronale du village des Verreries est toujours la Pentecôte : probablement qu'à
l'occasion du paiement de ces 15 sols tournois, des réjouissances étaient organisées et que la tradition s'est ainsi
transmise à travers les siècles .
Ces 15 sols tournois de censive furent renouvelés à l'occasion de la construction d'un nouveau four, au lieu actuel
de Moussans. La concession portait sur le terrain confrontant : "d'autan, avec la forêt de Campauriel; de cers avec
le ruisseau de Nostre-Dame-de-Seriez; de mydhy avec le premier rade, ou bien avec le premier que del rec de Nostre Dam et
avec le chemin public venant du four verrier de Moussans; d'aquilon avec le fleuve le Thoret".
Les limites sont encore représentées par de grandes pierres droites, situées dans la châtaigneraie actuelle s'étendant
derrière le Suquet.
Nous donnons ci-après une photographie de l'une de ces pierres.
Sur une face sont gravées deux étoiles en chef surmontant un soleil (ce sont les armes de la branche aînée des Riols), et
sur l'autre une fleur de lys.
Le fief concédé par l'acte de 1487 est un fief noble, et non un fief roturier." Ledit acte était retenu en grosse par
Maître Mathieu de Cassero, notaire de Carcassonne, avec confirmation de Maître Roc de Paule, maître des eaulx et forêtz :
il fut espedyé par Blanc, greffier de la Maîtrise, le 25e jung 1610".
Les renseignements ci-dessus sont confirmés par l'extrait d'inventaire des actes échus au partage de noble Isaac de Riols,
en date du 22 may 1612 (2ème feuille de garde)
Sable pour la verrerie au 15ème siècle
Les raisons qui prouvent que Moussans était un fief noble et non un fief roturier, sont les suivantes :
1) L'acte de 1487 parle explicitement de fief pour tout ce qui a trait à la verrerie de Moussans.
La censive de quinze sols tournois ne se rapportait qu'aux dépendances de la verrerie.
Il s'agit là d'un véritable bail à cens emphytéotique.
Noble Sicart Almoy tenait lesdites possessions tant pour lui que pour ses successeurs présents et à venir, à nouveau
fief et nouvelle capte, aux conditions "movantes du Roy nostre sire".
Le suzerain était le roi de France, et il laissait au vassal la faculté d'aliéner, de vendre ou bien engager tout ce
qu'il voudra en tout ou bien en partie "desd. casaux et des dépendances", mais là non plus il n'était pas question
de la verrerie proprement dite.
Ledit contrat était une emphytéose perpétuelle en faveur de noble Sicart Almoy, présent pour soi et ses héritiers,
successeurs universels.
2) Ce qui confirme l'opinion que l'inféodation de 1487 portait sur un fief noble, c'est le dénombrement fait le 1er mai 1514
par Guillem Esmouy :
"Aiso lou denombremen que jeu Guillen Esmouy baili de las terres et poussesions nobles que jeu et mous devanciers
aven joui et possedat de tout temps que n'se memorio dal contrari et que jeu jouissi incaro al loc de Moussans."
Plus loin, il dit : ..."et mai incaro poussedi aud. loc de Moussans uno verriero ambe la facultat de prene de toute sorte
de bosques de las fourestes dal Rey, de Moussans, Coste rasto, Campaureil, Malran per lou servissi de lad. verriero
et de mound houstal; et per aquo fau d'albergue al Rey sept sols sicis denies que son obligat de pagna al clavary
de Minerbe".
Signalons le 3 février 1532 (Amblardy, notaire de Saint-Pons) la vente faite par Jeanne et Guilhelmine Armoynes
à Nicolas de Riols, de tous les biens qu'elles possédaient indivisement avec Antoine Armoynes (ou Almoy).
Cette famille s'est éteinte sans postérité.
"
Francis de Riols de Fonclare |