Saint-Pons-de-Thomières et le Pays Saint-Ponais
Histoire et patrimoine de l'ouest du département de l'Hérault

Lettres de Catherine de Médicis, reine-mère
concernant l'évacuation de Saint-Chinian, par le capitaine Bacon, en 1579

En 1579, La reine mère Catherine de Médicis entreprend un nouveau voyage dans tout le royaume, afin d'établir une paix définitive. Le 28 février 1579, elle signe au nom du roi le traité de Nérac. En mai 1579, elle se trouve à Béziers et négocie le retrait des troupes protestantes commandées par le capitaine Pierre Bacon, qui occupent Saint-Chinian et Thézan, depuis près d'un an.

Le Capitaine Pierre Bacon accepte d'évacuer les deux bourgs contre le versement de 800 écus.

1579 - 17 mai

[AU ROI MONSIEUR MON FILS]

Monsieur mon filz, j'arrivay hier à disner en ceste ville [Béziers], où j'ay trouvé tous les peuples fort affectionnés à l'obéissance qu'ils vous doibvent et grandement resjoys de la paix , désirant bien fort la continuation d'ycelle, affin qu'ils puissent estre redmiz des grandes vexations et travaulx que leur apporte la guerre;
et pour que ce volleur Bacom [capitaine Pierre Bacon] est leur fléau, tient et se retire ordinairement en deux petites villes où il s'est grandement fortiffyé, l'un appelé Thézan et qui n'est qu'à une lieu et demie d'icy , et l'autre Saint-Signa de la Corne [Saint-Chinian de La Corne], qui est ung peu plus loing,

j'ai, par l'advis de mon cousin le mareschal de Montmorency et du Sr de Joyeuze, envoyé La Roche, qui est à moy, et ung conseiller du siège présidial de ceste ville qui est de la Relligion, avec ledit La Roche, porter une lettre à Bacom pour l'admonester de licencier environ quatre vingtz chevaulx qu'il a avec luy, et quelques gens de pied, qu'il renforce quand il veult de ces bandolliers des Sevennes en grand nombre, pour faire des courses et pilleries [...]
Je feray tout ce qu'il sera possible pour le tirer de là par aultre voye que par la force; car il y aurait à craindre que tante de brigans et volleurs qu'il y a en ces païs se meissent ensemble et empeschassent le fruict de la paix [...]

[j']essayery par tous dextres moiens de pouvoir faire envers iccelluy Bacom qu'il rende lesdits Thézan et St-Signan, et sépare ses forces.
Il demandoit trois mil escuz, qu'il dict qui sont deubs à ses gens, et que sans cela il ne peult licencier.
on a déjà gaigner sur luy qu'il se contentera de deux mil; je verray comme l'on en pourra sortir, et plustost luy feray-je bailler secrètement quelque argent, combien que ce soit chose très pernicieuse conséquance de paier ung brigand pour avoir mal faict; mais aussy de penser l'avoir aultrement, il ne se pourroit faire sans trop grand péril, et pour les raisons cy dessus dictes [...]

Escript à Béziers, le dimanche XVIIe jour de may 1579.


1579 - 18-20 mai

[AU ROI MONSIEUR MON FILS]

Monsieur mon fils, La Roche est retourné de devers Bacom qui s'est, en sa présence et du conseiller que j'avois envoyé avec luy, assemblé avec tous ses satelites, qui ont esté, ad ce que m'ont dit lesdits La Roche et conseiller,, en très grande contestation les ungs contre les aultres, disant qu'ils voulloient estre paiés d'un mois de leur solde, avant que sortir et permettre qu'on exécutast l'édit à Thézan et St Signan; touttefois, après avoir bien considéré la lettre que je leurs escripvois, ils se sont enfin accordez d'envoyor ung gentilhomme de leurs voisins, qui est de la Relligion, pour me monstrer qui leur avoit esté promis quon les paieroit devant qu'ils sortissent, et me supplient de ce faire faire. Mais Bacom, qui s'est monstré plus honneste homme que je ne pensois, a dict à part à La Roche que, à luy escripvant une lettre encores plus rude que celle que je luy feiz hier pour casser, licentier et faire séparer ses gens et aussy pour rendre les deux places, il obtéyra promptement, et que au lieu de trois mil escuz que se feust bien monté le payement de tous ses soldats, l'on luy envoye sept ou huit cents escus à part, quil dira estre de son argent, et qu'il n'y aura point de faute qu'il ne face contenter ces gens de cela, et me viendra trouver après, pour recepvoir plus amplement mes comnandemens, ne voullant plus estre, à ce quil dit, huguenot; [...]
Monsieur mon fils, La Roche est retourné de devers Bacom qui s'est, en sa présence et du conseiller que j'avois envoyé avec luy, assemblé, avec tous ses satelites, qui ont esté, ad ce que m'ont dit lesdits La roche et conseiller en très grande contestation le sungs contre les aultres, disant qu'ilz voulloient estre paiés d'un mois de leur solde avant que de sortir et permettre qu'on exécustat l'édit à Thézan et St-Signan; touttefois, après avoir bien considéré la lettre que je leur escripvois, il se sont enfin accordez d'envoyer ung gentilhomme de leurs voisins, qui est de la Relligion, pour me monstrer qu'on leur avoit esté promis qu'on leur paieroit devant qu'ils sortissent, et me supplient de ce faire.

Monsieur mon filz, avant que signer cette déspesche, je vous diray que Bacom [le capitaine Pierre Bacon] a cejourd'huy licentyé tous les soldats qui estoient avec luy dedans Thézan; il est allé fire le semblable à Saint-Signa de la Corne [Saint-Chinian], qui sont deux villes bien fortes qu'il occupoit; il tenoit encors la bastide, la Cabrelle et Cabrière, qu'il a aussy rendues, et y sont toutes quatre rentrées, comme j'estime, dez ceste heure, les ecclésiastiques et catholicques, auxquels j'ai commandé faire incontinent abattre toutes les fortifications, à quoy ils n'ont garde de faillir [ce ne sera pas fait], de sorte que j'espère que doresnavant personne ne s'y nichera plus, et qu'en tout le reste de ce gouvernement vostre édict de paciffication et articles de la conféranace y seront bientost du tout exéccutez et establiz [...]

Escript à Béziers, le XVIIIe jour de may 1579.

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