La Salvetat sur Agout, à la fin de l'Ancien Régime : la bonne société ou les "académiciens"

La Salvetat sur Agout,et ses environs rassemblent à la fin de l'Ancien Régime quelques familles nobles; Ce sont des familles de "bonne bourgeoisie", vivant noblement et qui se sont agrégées à la noblesse au 17ème siécle. Propriétaires de grosses métairies, dont elles ont prennent le nom, ce sont les Cabrol de Rieumajou, Cabrol de Grualgues, de Raynaud de Pesseplane, de Seguin des Hons, de Clerc, de Belot. Détenteurs de quelques droits seigneuriaux, ces hoberaux s'intitulent aussitot seigneurs du lieu, comme le chevalier de Planque, seigneur de Fraïsse qui y possède le droit de lods. La Salvetat, aujourd'hui La bonne société de La Salvetat est souvent ridiculisée par la noblesse environnante ! on raconte que ces prétentieux ont écrit à Marmontel, écrivain à la mode, le priant de leur envoyer les statuts d'une académie, qu'ils se proposaient de créer à La Salvetat. L'écrivain leur aurait répondu: "Avant de vouloir être académiciens, songez à apprendre l'orthographe"... Venance Dougados poète et capucin décrit dans un récit, qui sera lu dans les châteaux du Languedoc sa visite à La Salvetat: "M de Planque m'accueillit avec la franche gaité d'un bon militaire. Dans l'accolade, je trouvai en lui la loyauté et la courtoisie de nos anciens preux. Mais une affaire l'appelle ailleurs..." Dès lors un jeune homme niais, un abbé prétentieux et deux demoiselles, dont Dougados tait les noms, le traitent avec hauteur et mépris. Le moine se venge en les montrant ridicules, choisissant une pièce de théatre pour une représentation à La Salvetat: aucun auteur n'est à leur gout: "Le sensible Racine était trop gigantesque, Le fier Corneille un peu trop langoureux, Le sombre Crébillon leur paraissait grotesque, Et Voltaire trop doucereux" On n'a pas fini de se moquer de la bonne société de La Salvetat dans les salons languedociens de cette fin d'Ancien Régime!