"Ici aussi, nous n'entrerons pas dans de grands détails techniques.
L'Hérault comprenant presque toutes les formations géologiques, doit présenter nécessairement
une grande variété de minéraux.
Nous nous attacherons surtout à signaler les variétés les plus intéressantes pour leur emploi en verrerie.
Voici la grande classification adoptée dans le remarquable ouvrage de M. Doncieux :
1) Roches et substances minérales :
Siliceuse,
Alumineuses,
Calcaires,
Magnésiennes.
2) Roches diverses ou composées :
Granites et porphyres,
Laves et basaltes,
Grès,
Sables,
Argiles et schistes.
3) Combustibles minéraux :
Anthracites,
Houilles,
Lignites,
Tourbe,
Bitume,
Pétrole.
4) Métalloïdes :
Sulfures,
Arséniures,
Phosphates.
5) Métaux purs ou combinés.
I - SUBSTANCES MINERALES :
Roches siliceuses :
Les roches siliceuses, à l'état plus ou moins pures, se rencontrent dans tout le département, sous des aspects différents.
La silice pure se trouve à l'état pulvérulent, près de Murviel (arrondissement de Montpellier), et elle serait susceptible d'être employé pour la fabrication du verre. Elle est cependant bien moins pure que celle des environs de Fontainebleau.
Les silicates de magnésie se rencontrent à l'état d'olivine, de talc, : substance feuilletée, douce au toucher, qui se rencontre dans de nombreux points de la Montagne Noire. Ce talc constitue un élément excellent pour la fabrication du verre.
A l'état de silicate d'alumine, il faut citer :
a) Le mica, associé tantôt au fer, tantôt à la chaux ;
b) Le feldspath, qui uni à la potasse, prend le nom d'orthose ; qui uni à la soude, prend le nom d'albite ; qui, uni à
la chaux, prend le nom de labrador. Uni à la soude et à la chaux, le feldspath prend le nom d'oligoclose.
Le feldspath, en proportion convenable, entre aussi dans la composition du verre.
Nous n'avons pas à parler dans notre étude des schistes.
Roches alumineuses :
Un minéral, hydrate
d'alumine, plus ou moins mélangé de fer, tantôt blanc, tantôt coloré en rouge : la bauxite, constitue
un gisement assez important dans le bassin de Villeveyrac. Cette terre a la propriété d'être réfractaire au
feu, et elle a été sûrement employée par les verreries voisines pour la confection des briques et des creusets nécessaires à leurs fours. Un autre gisement se rencontre hors de l'Hérault, à Salabas (Gard), et principalement au XIXème siècle les verriers de Moussans s'y sont approvisionnés.
Roches calcaires :
Le carbonate de chaux se rencontre à l'état de spath d'Islande, fréquemment dans les grottes et les failles. Le calcaire est la substance la plus abondante du département, et elle se présente sous les formes les plus diverses, notamment dans la région de Bédarieux.
Le marbre se trouve dans les terrains anciens surtout les formations dévoniennes ; il faut citer les régions de Courniou, Faugères, Saint-Pons et d'Olargues. Ces derniers sont à texture cristalline, d'un blanc veiné de rose. le marbre pilé, le marbre blanc de préférence, est fort apprécié pour la composition du verre. C'est surtout dans la région de Courniou que les verreries de Moussans se sont approvisionnées.
Le sulfate de chaux ou gypse, est répandu dans les régions de Saint-Etienne -de-Gourgas, Clermont, Roujan, Hérépian et Cazouls-les-Béziers.
Roches magnésiennes :
Le carbonate de chaux et de magnésie, plus connu sous le nom de dolomie se rencontre fréquemment dans nos régions : à Cabrières, la Gardiole, Bédarieux, Ganges.
II- ROCHES DIVERSES OU COMPOSEES :
Parmi cette catégorie, bornons-nous à citer la subdivision des sables.
Selon M. de Rouville, ce sont des "roches meubles, composées de grains de différentes substances minérales, et plus particulièrement de quartz, mais aussi tout ensemble de quartz et de calcaire, variant par la grosseur des grains".
Il faut distinguer entre les sables de mine et les sables de rivières. Les premiers abondants dans la région de Montpellier, sont d'origine marine et souvent terreux, ce qui les rend impropres à la fabrication du verre, à moins d'un lavage préalable. Il n'y a guère que les sables de la Pompignane, près de Castelnau, qui pourraient être utilisés ; les seconds se composent de grains plus siliceux.
Les sables de Saint-Julien, utilisés par les verriers de Moussans, sont des sables de rivière, ayant encore beaucoup de substances terreuses unies à des oxydes de fer.
III - COMBUSTIBLES MINERAUX :
Nous ne parlerons pas des combustibles minéraux, les verreries de Moussans ayant été presque exclusivement chauffées au bois, sauf pendant une très courte période.
Signalons en passant les bassins houillers de Graissessac et de Roujan-Neffiès. Une formation de lignite se retrouve en couches exploitables dans les calcaires lacustres de
La Caunette, au sud de l'
arrondissement de Saint-Pons. Des tourbes se trouvent sur l'Espinouse, dans la haute vallée du Larn : petite rivière de 15 kilomètres, arrosant La Salvetat et Le Soulié.
IV - LES METALLOIDES :
Le souffre, comme nous l'avons déjà vu, n'a pas été signalé dans le département. On rencontre des sulfures de cuivre, de plomb et de fer. Il existe des gisements importants de pyrites de fer près de Faugères et de Gabian. L'arsenic existe, combiné au plomb, dans la chaîne des Avants-Monts. C'est un produit entrant dans la composition du verre, aidant au raffinage.
V - LES METAUX :
L'or, l'argent, le cuivre, le plomb existent dans cette contrée, mais nous n'avons pas à nous en occuper. Le zinc est signalé à l'état de sulfure (blende) à l'extrémité nord du département, au voisinage de Métagues (Aveyron).
L'oxyde de zinc est un décolorant du verre, préférable au manganèse.
Pour obtenir l'oxyde de zinc, en partant du sulfure, il suffit de le griller au contact de l'air, à haute température.
Il faut citer le fer, qui se trouve dans plusieurs régions du département : citons l'oxyde de fer hydraté de Maureilhan, près Saint-Gervais ; un autre gisement aux environs du Petit-Galargues.
Dans certains points des vallées de l'Orb et du Jaur, notamment aux environs de Vieussan et de Mons,
le fer se trouve associé au manganèse. Ce composé de manganèse et de fer est employé pour la coloration des
bouteilles dites en verre noir ou verre couleur d'Angleterre, comme l'on disait autrefois. A Vieussan,
la Compagnie de la Terre Noire, exploite encore ces minerais.
Cette brève étude, et de la géologie, et de la minéralogie de la
région Moussannaise, ne nous a pas semblé inutile, car elle montre que les verriers
de Moussans étaient bien placés pour avoir à proximité les principaux produits nécessaires à la composition du verre ; il ne faut pas oublier que
les communications étaient difficiles, les routes n'existant pas, les chemins muletiers seuls étaient utilisables.
Les verreries, aux XVème et XVIème siècles, étaient peu répandues, la concurrence était moins âpre : d'ailleurs les réglements de Sommières s'opposaient à des durées de travail trop longues, c'est ce qui explique que les maîtres veriers avaient pu avoir à ces époques une assez grande prospérité, malgré le prix de revient élevé des produits primaires entrant dans la composition du verre.
Une autre cause c'est que les nations, à ces époques, formaient un tout économique distinct, satisfaisant à la plupart
des besoins du pays, et faisant bien peu d'exportations.
"
Francis de Riols de Fonclare |