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Appartenant à la bourgeoise protestante de Montpellier, la famille Tissié est très influente
dans le département
de l'Hérault
durant tout le 19ème siècle, notamment dans le domaine financier. A cette époque, la banque Tissié-Sarrus est un des premiers établissements de la région. Propriétaires terriens, les Tissié cherchent à moderniser la viticulture et l'agriculture. Liés par leurs affaires au mécène Alfred Bruyas, et à la famille du peintre Fréderic Bazille, ils sont également des amateurs de peinture.
Intérieur du cabinet de Bruyas, par Auguste Glaize, 1848 (Louis Tissié, de profil regardant le tableau, avec Alfred Bruyas qui pose sa main sur son épaule) Ancien professeur de mathématiques devenu banquier, André Tissié (1782-1866) a épousé en 1814 Fanny Sarrus (1780-1878), donnant alors le nom de Tissié-Sarrus à la maison de banque qu'il a créée. Peintre amateur, le musée Fabre de Montpellier conserve deux de ses toiles. Dès 1826, André Tissié s'est suffisamment enrichi pour acheter la château de Bionne, "folie" montpelliéraine du 17ème siècle, ayant appartenu à l'intendant du Languedoc Lamoignon de Basville, et comprenant un vaste domaine viticole.
Réunion de famille, par Frédéric Bazille - à droite Suzanne Tissié (en robe rayée) et derrière elle, son mari Marc Bazille En 1829, André Tissié achète le domaine de Pardailhan à la baronne Charlotte de Treil de Pardailhan, et son fils Alexandre (ces derniers ne quittent le château qu'en 1830). Tout au long de sa vie, Tissié agrandit la propriété en achetant des terres: achat du domaine de Malibert et de la métairie de La Garriguenque, (commune de Babeau-Bouldoux), achat du domaine de Copujol (en 1844, à Jean François Décor) et il modernise les métairies (constructions à La Caussine). A la fin de sa vie, le domaine de Pardailhan s'étend sur plus de 750 hectares. Son fils Louis (1819-1881) est un ami très proche d'Alfred Bruyas, mécène du peintre Gustave Courbet, et grand collectionneur de peintures. C'est d'ailleurs par une lettre écrite à Pardailhan, qu'il lui déconseille en 1853 d'acheter "Les Baigneuses", de Courbet. En 1877, Louis Tissié vend la métairie de Coulouma, dépendant du domaine de Pardailhan et qui est divisée en quinze lots, comprenant le vallon de Camboussels et son ingénieux système d'irrigation par bassin et béals. Onze ans après la mort de son père, c'est le début du démantèlement de cette grande propriété. Sa fille Suzanne Tissié (1847-1911) épouse en 1867 Marc Bazille. Il est le fils de Gaston Bazille, grand notable montpéllierain, ami et associé de la famille, et le frère du peintre Frédéric Bazille. La correspondance publiée de ce dernier, conserve d'ailleurs un courrier de son père, daté du château de Pardailhan.
Alphonse Tissié (1845-1919), fils de Louis, est représenté en 1868, (ci-contre) par son ami Bazille,
en uniforme de cuirassier. Il a mené une courte carrière militaire, entré à l'école de cavalerie de Saumur à vingt ans, il démissionne en 1874 avec le grade de lieutenant de dragons, peu avant son mariage; Après le décès de leur père Louis en 1881, Alphonse et Suzanne Tissié vendent ce qu'il reste du domaine de Pardailhan, qui ne présente plus d'intérêt sur le plan agricole.
La propriété est divisée par lots, achetés en général par les habitants de la commune. Ainsi se termine plus de cinquante ans de présence des Tissié à Pardailhan, représentants de la grande bourgeoisie cultivée de Montpellier.
Le monogramme des Tissié-Sarrus était encore visible, il y a quelques années à Pardailhan : "T et S" entrecroisés
sur la grille de la ferme de La Caussine.
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