|
L’histoire de la famille de Treil de Pardailhan, originaire du
diocèse
de Saint-Pons-de-Thomières en Languedoc, illustre les possibilités d’ascension sociale
au 18ème siècle. En une génération, les Treil, notables ruraux, sont anoblis par charge, achètent plusieurs importantes seigneuries, et font (certes, modestement) leur entrée à la Cour de
Versailles. L'un d'entre eux est même reçu chevalier de Malte(1), à la fin de l'Ancien Régime, confirmant ainsi l'appartenance à la noblesse,
en y ajoutant une touche chevaleresque.
Armoiries de la famille de Treil de Pardailhan Le fondateur de la dynastie familiale est Joseph Treil (1681-1779), fils d'Antoine et Marguerite Roger, habitant le hameau d'Ornac, au pied des gorges d’Héric (commune actuelle de Mons-la-Trivalle). En 1708, il épouse Marie Azais (1687-1764), de petite bourgeoisie rurale de La Salvetat sur Agout, dans la montagne héraultaise. La dot de la mariée est modeste, surtout constituée de créances à recouvrer. Joseph Treil est un homme entreprenant aux activités multiples: négociant, marchand-fabricant de draps, prêteur, receveur des décimes et fermier de l'Equivalent à Narbonne, fermier des droits seigneuriaux et dîmes de Mgr Bertons de Crillon, trésorier du chapitre cathédral de Saint-Pons, il s'est d'abord fixé à Olargues, à quelques kilomètres de son village d’origine. A quarante ans il s'est enrichi et peut s'installer en 1723 dans une demeure à Saint-Pons achetée au baron François Joseph de Portes de Pardailhan (1701-1759), et ayant appartenu aux Verdiguier. Saint-Pons: la ville épiscopale ! Quelques années plus tard, entre 1727 et 1738, Joseph Treil marie ses trois filles avec des bourgeois aisés de Saint-Pons (famille Amblard), d’Albi (famille Delecouls) et de Clermont-l'Hérault (famille Pradier), tissant ainsi un réseau d'influence familial. Deux de ses fils, destinés à la vie religieuse, sont fait chanoines du chapitre de la cathédrale, qui est alors la plus puissante institution religieuse du diocèse. En 1734, Jean-Antoine (1714-1805) est reçu chanoine le premier, à l'âge de 20 ans; après des études à Paris, il est docteur en Sorbonne, et devient plus tard archidiacre et vicaire général de l'évêque. Le deuxième, Joseph Treil d'Ornac (1713-1787), sous-diacre obtient le canonicat en 1738.
L’étape suivante de l’ascension sociale est l’anoblissement.
En 1750, Joseph Treil achète au nom de son fils aîné
François (1715-1805), avocat au parlement, l'office anoblissant de conseiller secrétaire du
roi maison et couronne de France, en la chancellerie près de la Cour de Montpellier.
En 1756, il le reprend à son nom, et le conserve pendant plus de vingt ans, mourant en exercice, ces conditions rendant irrévocable l'acquisition de la noblesse
obtenue dès 1750 par François de Treil de Pardailhan (anoblissement à la réception dans l'office).
Le hameau de Ponguiraud, chef-lieu du Pardailhan
Les deux derniers fils de Joseph Treil ont une destinée honorable: Antoine (1718-1797), qui prend le nom de
Treil de Lavallongue est receveur des gabelles à Castres; Alexandre (1723-1759), devenu Treil de Saint-Martial,
est lieutenant d'infanterie au régiment de Saint-Chamond
(cf la descendance de Joseph Treil et Marie Azais).
Réception d'Alexandre de Treil de Pardailhan, comme chevalier de Malte Ces différents appuis lui permettent en 1786, de faire recevoir son fils Alexandre (1785-1859), comme chevalier de Malte, après avoir fait ses preuves de noblesse, confirmant les Treil de Pardailhan dans leur appartenance au Second Ordre, et lui donnant un caractère plus prestigieux (le procès verbal de sa réception comme chevalier de justice au Grand Prieuré de France de l'Ordre de Malte est conservé aux archives nationales sous la cote M623).
La Révolution de 1789 voit la famille se déchirer entre ses membres, qui choisissent des camps opposés.
Election de Thomas Treil-Pardailhan, député de Paris, en 1791
Alexandre de Treil de Pardailhan, le frère cadet,
Joseph de Planque (1733-1793),
son beau-frère,
Maurice (1767-1824) et
Louis de Villeneuve (1768-1851), ses cousins, émigrent
et s'engagent dans l'Armée des Princes, combattant contre la France.
Les dissensions familiales, nées de la Révolution, achèvent de ruiner
les Treil de Pardailhan au début du 19ème siècle.
En 1829 la baronne Charlotte de Treil de Pardailhan, veuve de Thomas et mère d'Alexandre représentant la branche aînée, lourdement
endettée, doit vendre le domaine de Pardailhan; elle s'installe alors au
château d'Autricourt en Bourgogne.
Henri de Treil de Pardailhan (1832-1886), chef de la branche cadette, vend ses dernières terres à
La Caunette vers 1860.
Château d'Autricourt, propriété de la famille jusqu'à la fin du 20ème siècle En 1868, Jules de Pardaillan, issu de la famille des Pardaillan de Gascogne, entreprend une procédure contre la famille de Treil de Pardailhan pour usurpation de nom et du titre. Les Treil de Pardailhan gagnent ce procès, qui indique dans ces attendus, que la famille a été anoblie par la possession pendant plus de vingt ans de l'office de secrétaire du roi, et la mort en charge de son dernier possesseur, en précisant que "sur ce point, les documents de la cause ne peuvent laisser aucun doute". De nos jours, la famille Treil de Pardailhan est représentée par la branche cadette, descendante d'Alexandre de Treil de Pardailhan l'ancien garde du corps émigré.
De manière cocasse, alors que le noblesse des Treil de Pardailhan a été prouvée sous l'Ancien Régime, et que la noblesse n'a plus de satut juridique en France depuis 1870, l'ascendance noble de
cette famille a été contestée au 20ème siècle dans l'ouvrage de Pierre-Marie Dioudonnat "l'Encyclopédie de la fausse noblesse et de la noblesse d'apparence". Dans une courte notice
cet auteur écrit : "TREIL de PARDAILHAN (Comte du). Gascogne, Bretagne, Normandie. Ancienne famille. Vote en 1789 avec la noblesse des sénéchaussées de Carcassonne et de Castres,
ce qui est insuffisant, on le sait, pour prouver la noblesse". Cf : Fonds de la famille de Treil de Pardailhan - Archives départementales de l'Hérault - Répertoire méthodique de la sous-série 72 J par Julien Duvaux ; sous la direction de Sylvie Desachy, directrice des Archives départementales - Montpellier - 2012 ; mis à jour en 2016
|