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Le livre de Le Vaillant de La Fieffe nous fournit de curieux détails sur la vie des gentilshommes verriers à cette époque.
Les gentilshommes s'engageaient par écrit pour la réveillée entière (ou campagne), moyennant des appointements convenus et
proportionnés à leur aptitude. Un chapeau brodé, comme les nobles en portaient alors, leur était fourni par le maître de
la verrerie, en sus du salaire de chaque jour . Quelquefois, un pot de vin en argent tenait lieu de chapeau. Chaque
gentilhomme avait droit, en outre, pendant le temps de la campagne, à son logement, à sa nourriture, à la table du maître
de verrerie, au blanchissage de son linge, à la nourriture de son cheval et de son chien, soignés par les domestiques de
la maison.
Le travail ne durait pas moins de douze heures par jour; il ne commençait jamais le lundi avant minuit sonné et le samedi,
il ne se prolongeait pas au-delà de la même heure. Sans doute, c'était pour observer le repos du dimanche.
Chaque gentilhomme trouvait en arrivant au four son déjeuner servi sur une assiette d'étain ou de grosse faïence; ce repas
consistait les jours gras, le plus souvent en une tranche de viande froide, du rôti de la veille, remplacée parfois par
des tripes, du foie de veau, du lard, etc. Le pain et le vin étaient à discrétion. Toutes les heures, les apprentis
criaient sur une espèce de chant : "à boire pour ces messieurs", car dans l'été surtout, on sentait souvent le besoin
de se rafraîchir.
Quand le moment du déjeuner approchait, pour se faire entendre des cuisines, les apprentis criaient par trois fois :
"à dîner pour ces messieurs".
Le dîner, qui ne durait pas plus d'une heure, se composait généralement d'une soupe copieuse, d'un bon bouilli de porc
ou de volaille.
Ensuite, chacun reprenait du travail jusqu'à la fin de la journée.
La journée finie, on procédait à sa
toilette, après l'avoir fait procéder d'ablutions complètes. On prenait alors la mise et la tenue convenable pour souper
avec la dame de la maison, quand l'heure des repas se trouvait identique, car souvent, par suite du retard apporté dans
la fonte, les heures de travail et de repos se trouvaient décalées d'autant, alors souvent le travail ne cessait que fort
tard dans la nuit.
On observait rigoureusement les jours maigres : œufs, légumes, et rarement du poisson.
Le souper se prolongeait longtemps; la conservation prenait un ton piquant, facétieux, parfois même, il faut en convenir
licencieux; on chantait, on répétait en chœur de joyeux refrains, qui, le lendemain servaient à rythmer le travail et à
leur faire oublier la fatigue.
La gaieté distinguait le caractère des gentilshommes verriers : ceux ayant les plus belles
voix, s'ils n'allaient pas à la chasse le dimanche, chantaient la messe dans la petite église de Notre-Dame de Serrières.
Le luxe de la table et des habits n'existait pas chez eux; de ce second point vient peut être le dédain, un tantinet mêlé
de mépris, que les autres gentilshommes avaient pour les gentilshommes verriers.
Ces derniers pourtant, comme nous l'avons démontré par de nombreux documents avaient
une ancienneté de titres, que le
plus souvent les superbes gentilshommes fraîchement titrés auraient bien envié.
Un trait dominant des verriers, c'est qu'ils n'avaient point de soucis pour l'avenir; ils se mariaient jeunes
et le plus souvent entre parents. Il nous suffit de rappeler les liens multiples que les familles
de Robert ont eu
avec les familles de Riols.
Les enfants toujours nombreux, à peine arrivé à dix ou douze ans, trouvaient un emploi dans les verreries.
Les plus intelligents, les plus économes, pouvaient espérer parvenir à une part dans l'exploitation de l'une de ces
manufactures.
D'autres, dégoûtés du travail, s'engageaient dans l'armée royale, servaient quelques temps la patrie et
ils trouvaient à leur retour les ressources qu'ils avaient dédaignés en partant.
Nous avons vu que les règlements de
Sommières prévoyaient des cotisations frappant tous les verriers pour favoriser
la carrière militaire des gentilshommes qui en avaient l'intention.
Dans le Languedoc, les gentilshommes restaient dans la coutume féodale et, en cas de guerre ou de péril, ils devaient
le service militaire personnel : l'auxilium. Les autres verriers étaient tenus d'équiper ceux qui étaient désignés.
Le repos du dimanche et des jours fériés était toujours de 24 heures au moins. Aux fêtes de Pâques, le travail était
suspendu le mercredi Saint à minuit, et il n'était repris que le mercredi suivant, afin que pendant ces six jours de
chômage chacun put remplir ses devoirs religieux et passer ce temps en famille.
Le costume du gentilhomme verrier consistait pendant le travail, en vêtements amples et légers, sans cependant n'avoir
rien d'indécent.
Les femmes qui visitaient la manufacture étaient reçues avec courtoisie; on leur fournissait les explications nécessaires.
Les apprentis offraient aux visiteurs des "pétarades" (scientifiquement : larmes bataviques, obtenues en laissant tomber
du verre chaud dans l'eau); en brisant l'extrémité du fil, cette masse éclatait en poudre impalpable. D'autres fois,
on offrait des chanterelles ou "sisola" (selon une expression locale), sorte de tube, à parois excessivement minces,
de la grosseur d'un bocal, et dont on tirait en soufflant dessus des sons agréables.
Les jours fériés, chaque gentilhomme suivait son penchant qui le portait à se distraire des fatigues des jours
précédents.
Dès le matin, il ceignait son épée, assistait à la messe puis il allait rendre visite à ses amis des environs, ou il
se livrait aux plaisirs de la chasse à courre, soit aux sangliers, aux renards, aux biches ou aux lièvres.
Ces nobles artisans, portant épée, tenaient toujours à se faire respecter, sans avoir cependant ni nargue, ni fierté.
Continuellement en contact avec les enfants du peuple, qui les assistaient, les servaient dans le travail, ils en étaient
tous aimés.
Il faut signaler cette remarque, c'est que la fonction de maître tiseur était quasi héréditaire, et les tiseurs étaient
fiers de leur coopération aux travaux des gentilshommes verriers.
Ce qu'il faut mettre en relief, c'est la différence très grande existant entre les gentilshommes verriers de Normandie
et le gentilhomme verrier de Languedoc. Nous avons déjà vu dans l'appendice, qu'en Normandie il n'existait pas de
juridiction analogue à celle de Sommières et que c'étaient les principes de droit commun qui régissaient les rapports
des verriers entre eux.
La durée moyenne de la campagne, c'est à dire de la période de travail était de sept mois et demi; ce n'est que dans
la région de l'Espérou que la campagne était réduite à deux mois et demi. Cette mesure avait été prise en raison des
rigueurs de l'hiver dans cette région.
Le 10 décembre 1743, Anceau de Lavelanet demande qu'avant d'agir contre les gentilshommes verriers, on nomme des
commissaires pour vérifier si, en hiver, l'accès de l'Aïgoual et de l'Espérou est possible, et il propose pour cette
commission Pitot, garde marteau de la maîtrise de Montpellier.
Dans l'ouvrage si bien documenté de M. Elisée de Robert-Garils (Monographie d'une famille et d'un village), nous
puisons quelques renseignements au sujet de la condition des gentilshommes verriers.
La manipulation du verre était réservée aux gentilshommes. Le verrier devait faire preuve de cette qualité par titres
appropriés devant le syndic du département. Le syndic du département était juge pour savoir si les titres présentés
étaient suffisants; dans ce cas, il dressait un procès-verbal, et un récépissé était délivré au gentilhomme verrier.
En cas de contestation sur la validité des titres, l'affaire était portée à la juridiction de Sommières, devant le
capitaine-viguier gouverneur de cette ville. C'était un véritable juge conservateur, chargé de confirmer les gentilshommes
verriers, à la fois dans leur noblesse et dans leurs privilèges.
Il y avait une véritable solidarité de caste entre tous les gentilshommes verriers : si un verrier tombait dans
l'indigence, on le secourait pour éviter qu'il tombe dans la roture, et par des secours, on lui facilitait son relèvement.
C'est ainsi que dans le département de Moussans, noble Nathanaël de Robert, sieur de Cantelauze, fut secouru par ses pairs
jusqu'à un âge très avancé.
De même, si l'un de ces verriers manifestait une passion réelle pour les armes, on prévoyait des cotisations pour
permettre de l'équiper et entrer au service du roi.
Il existait un embryon de caisse de prévoyance; selon Saint-Quirin, chaque maître devait verser annuellement six
livres et chaque ouvrier trois. Le maître était responsable du paiement de la cotisation des verriers vis-à-vis du Corps
des Verriers de Sommières. Les fonds ainsi recueillis servaient à couvrir les frais des assemblées générales et des
assemblées particulières, et aussi à secourir les indigents.
L'assemblée de Sommières du 19 avril 1656, présidée par le gouverneur Gaspard de La Crois de Castries, réunit les
verriers du Haut et du Bas-Languedoc, du comté de Fois, de Haute-Guyenne et des Verreries de Moussans.
A la suite de cette assemblée, Antoine de La Roque de Boisset est nommé syndic et Louis de Queylar de la maison de Gaujac ;
Antoine de La Roque, vieux de la maison d'Agrès ; Abel de Robert, sieur de Combe-Signères et Jean de Robert, sieur
de Montagnols sont nommés procureurs.
Le syndic, à cette assemblée, proposa d'arrêter les travaux de verrerie depuis la veille de Saint-Jean-Baptiste jusqu'au
14 septembre.
Le 25 août 1657, et le 27 août eurent lieu de nouvelles assemblées à Sommières.
Les verriers de Gabre, le 11 mai 1664, délèguent un des leurs : Isaac
de Grenier, sieur de Leychard, pour se rendre aux
Verreries de Moussans, et partout ailleurs où il le jugerait bon, pour faire un règlement touchant l'art de la verrerie
et passer tous contrats et actes nécessaires.
Le gouverneur de Sommières Trémollet-Bucelly, marquis de Montpezat, par son ordonnance du 26 juin 1675, mit les
gentilshommes verriers en demeure de faire vérifier leurs titres.
Ceux qui ne pouvaient se rendre en personne à Sommières faisaient constater par-devant notaire leurs origines, et le
syndic de leur département était chargé de présenter cet acte authentique au Procureur Royal.
Nouvelle assemblée prescrite le 7 août 1700 par M. de Villevieille.
Le comte d'Harling, gouverneur de Sommières, le 1er
août 1718, convoque de Robert du Terme, verrier d'Albine, pour faire ses preuves justificatives de noblesse.
Le 1er octobre 1753, par-devant très haut et très puissant seigneur François-Raymond-Joseph de Narbonne-Pelet, dans son
château de Fontanès, les verriers syndics du comté de Foix se présentent pour obtenir un renvoi de l'ouverture de
l'assemblée des gentilshommes verriers ; ce fut le 7 octobre 1753 que cette assemblée commença.
Parmi la liste des gentilshommes verriers qui assistèrent à cette assemblée, détachons les noms suivants :
"Est comparu noble Germain de Robert, maître de la verrerie de la Bétouze de Camps, diocèse de Narbonne, tant de son
chef que comme procureur fondé de noble André de Robert, sieur de Fonclare."
Cette assemblée nomma des syndics départementaux et trois syndics généraux.
Détachons, pour l'étude qui nous intéresse, les nominations suivantes :
Pour le département de Moussans et Fourtou, diocèse de Narbonne et de Saint-Pons, sont nommés
syndics départementaux :
Noble Germain de Robert, habitant de la verrerie de la Bélouze de Camps, et noble Robert, sieur de la Garrigue, habitant
de la Verrerie Basse, diocèse de Saint-Pons.
Ce dernier avait pour prénoms Etienne-Bernard ; de son mariage avec Toinette-Madeleine de Renaud, il eut un fils,
Jean-François, qui fut baptisé à Moussans le 8 juillet 1744.
Noble Germain de Robert fut élu aussi syndic général. Les fonctions de syndic général avaient pour but :
1°) De veiller à l'exécution des statuts et des règlements édictés par les assemblées de Sommières, qui avaient en fait
un véritable pouvoir législatif pour tout ce qui touche l'art du verre.
2°) Le syndic général devait informer le juge conservateur, gouverneur de Sommières, de toutes les contraventions dont
ils auraient connaissance.
Par exemple, il était interdit aux gentilshommes verriers de s'associer, ou même de travailler dans une verrerie gérée
par des roturiers, à peine de 1000 livres d'amende pour les maîtres et de 300 livres pour les ouvriers verriers.
La production était aussi adaptée aux besoins limités de la clientèle. La concurrence est d'un excellent effet si elle
se produit dans toutes les branches de l'activité humaine, car les besoins sont alors plus aisément satisfaits. Mais c'est
un mal quand dans une seule branche industrielle ou commerciale il y a pléthore, tandis que la plupart des autres branches
de l'activité ont une production stationnaire. La loi de l'offre et de la demande entre en jeu, et le prix des objets
offerts en trop grande quantité diminue, sans que la baisse des prix des autres objets viennent niveler les pouvoirs
d'achat respectifs.
Sans accuser les gentilshommes verriers de "malthusianisme économique", ils prirent cependant de sages mesures en
limitant la durée des campagnes. C'est ainsi qu'à l'assemblée de 1753, il fut décidé que, dans le Haute-Guyenne, Foix,
Armagnac, Grésigne, Moussans et Fourtou, on travaillera 5 mois et demi, soit à partir du 15 novembre, jusqu'au dernier
d'avril suivant. Dans ces prescriptions, on tenait surtout compte du climat de la région. Ainsi dans les verreries
d'Arbas, Aure et Armagnac, on était obligé d'éteindre les fours du 24 décembre au 8 janvier suivant, à cause de la rigueur
de la saison; par contre, la campagne continuait jusqu'au 15 mai.
Il est fort difficile de mobiliser les gens, même quand il s'agit de leur intérêt : aussi, vers le milieu du 17ème siècle,
les assemblées de Sommières furent peu à peu délaissées par les gentilshommes verriers de Languedoc.
En 1753, il fut demandé au capitaine viguier de prononcer contre les verriers défaillants (soit en personne, soit par
procureur) une amende de 1000 ivres, la démolition de leurs fours, la confiscation de leurs outils, et si les titres
de noblesse n'étaient pas présentés dans le délai d'un mois, de prononcer la déchéance des privilèges contre les
défaillants. Malgré la décision de rendre ces assemblées décennales, ni celles de 1763, ni de 1773, ni de 1783 ne
furent convoquées. Les pénalités étaient trop fortes, et elles ne furent pas appliquées.
Bien que cela n'entre pas complètement dans le cadre de notre étude sur Les Verreries de Moussans, rappelons
brièvement quelles sont les causes qui hâtèrent la décadence, sinon la disparition de la plupart des verreries forestières. Nous les citerons chronologiquement ci après. Elles peuvent se ramener à trois principales :
1°) Tracasserie du pouvoir central, au sujet de l'approvisionnement en bois des villes voisines.
2°) Apparition des verreries chauffées au charbon, nécessitant des capitaux plus importants.
3°) Guerre des Camisards, troublant le trafic.
On peut dire que le début du 17ème siècle marque la décadence de la plupart des verreries forestières du Languedoc,
malgré
les efforts des syndics : pour le Vivarais, Jean d'Azémar du Colombier - pour le Bas-Languedoc, M. de Girard.
Dès 1713, Jean d'Azémar proteste auprès de M. de Basville, Intendant du Languedoc, qui avait réclamé la production des
lettres patentes se rapportant aux gentilshommes verriers; l'assemblée de 1718 en fut la conséquence.
Vers la fin de 1724, une députation est même envoyée au roi pour demander le renouvellement des privilèges basés sur les
lettres patentes de 1655.
Les guérillas des Camisards commencèrent à hâter la décadence des verreries forestières : il est à peu près certain
que cette cause doit être écartée pour les Verreries de Moussans; la disposition géographique de cette région ne
permettait pas des communications aisées avec Castres et Sommières, principaux centres de résistance Camisarde; de
plus, aucun centre important n'était proche; le pays, quasi couvert de forêts, était fort peu peuplé, mais une certaine
gêne était apportée aux échanges. Un arrêt du 9 août 1723 interdit l'établissement de nouveaux fours et, de plus, il
interdit de couper des arbres de haute futaie dans les forêts royales.
Nous avons vu que la forêt de Moussans était une forêt royale, ainsi que celle de Campaurel. Il est également prohibé
d'établir des verreries près des rivières flottables : cela pour éviter que les bûches flottantes, envoyées dans le plat
pays par les bûcherons, ne soient employées presque entièrement par lesdites usines. Cette prohibition ne devait guère
toucher les Verreries de Moussans, le Thoré étant presque toujours à sec !
Le 27 juin 1724, il y eut la réunion de :
Noble Antoine de Grenier, sieur de la Seigne, syndic et procureur général pour le département de Grésigne - noble Jean
d'Azémar, sieur du Colombier, syndic du Vivarais - noble Antoine de Girard, syndic du Bas-Languedoc - noble Pierre de
Robert, sieur de la Prade, pour les Verreries de Moussans.
Ils délèguent noble François de Grenier, sieur de Fonblanque, pour porter leurs doléances au roi et lui faire confirmer
leurs anciens privilèges, et ils acceptaient de ne travailler que six mois de l'année.
A la suite de ces démarches, le contrôleur général Dodum, le 12 janvier 1725 invita l'intendant de Bernage à faire connaître
son avis.
Les Etats de Languedoc (janvier- février 1725) décident que les verreries du Bas-Languedoc ne pourront plus travailler, à
cause du bois consommé, à moins de s'établir à L'Espérou ou sur l'Aïgoual.
En réalité, l'arrêt du 7 août 1725 ne fut pas appliqué de quinze ans. Une ordonnance du 18 juillet 1741 remit les clauses
en vigueur, malgré l'opposition des verriers du Bas-Languedoc. La question est définitivement tranchée par un arrêt du
Conseil du Roi du 11 juin 1743, qui déboute complètement les gentilshommes verriers.
"Ce sont les verriers du Languedoc qui ont les premiers employé du charbon dans les verreries à Saint-Sever,
dans la banlieue de Rouen."
C'est la question du chauffage au bois qui a entravé le libre développement des verreries forestières. Déjà,
la plupart des intendants se préoccupent, chacun dans leur province, de l'approvisionnement des villes en bois.
On ne conçoit pas l'opposition mise par les verriers à l'adoption du chauffage par le charbon, car le verre obtenu par
ce procédé est aussi joli qu'avec le chauffage au bois. A notre avis, ce fut sans doute :
1°) Difficulté de s'approvisionner en charbon, dans un pays où les routes carrossables étaient rares.
2°) Nécessité de modifier la construction des fours.
3°) Routine, répugnant de transformer une industrie quasi familiale en une manufacture qui aurait absorbé de grands
capitaux, faisant défaut chez la plupart des gentilshommes verriers.
L'idée du chauffage au charbon fit des progrès avec le sieur de La Bruguièdes, syndic du diocèse d'Alais et avec M.
de Joubert syndic général du Languedoc.
Le chevalier Gabriel de Solages |
Un nommé Sartre obtient en 1728 l'autorisation d'établir une verrerie de charbon
à Cette [Sète].
Le 26 janvier 1735, les Etats de Languedoc autorisent le sieur Chatal à établir une verrerie à charbon à Alais.
En 1758, les Etats de Languedoc accordent un indemnité de 3000 livres à M. de Solages, à condition de n'employer que du
charbon de pierre dans sa verrerie de Carmaux : la fabrication annuelle qui était de 200.000 bouteilles passe bientôt au
double.
En 1761, un sieur Gilles, possesseur d'une mine de charbon dans la paroisse de Saint-Jean-de-Valeriscle (Gard) installe
une verrerie sans aucune autorisation; malgré cela, les Etats de Languedoc lui allouent en décembre 1762 une gratification
de 2000 livres.
Le sieur Giral, par un arrêt du Conseil du 23 février 1768, est autorisé à établir une verrerie chauffée au charbon à
Hérépian.
En 1782, la famille d'Aigalliers obtient la concession des mines d'Alais, et ils sont autorisés à ne payer le charbon
qu'au prix d'extraction.
Le 30 août, le sieur Rey, acquéreur du privilège obtenu par l'abbé Manuel, demande d'établir une verrerie au Bousquet
d'Orb.
Nous avons vu, en étudiant les fours de verrerie employés dans la région Moussanaise, que la famille
de Riols de Fonclare
fit construire, aux environs de 1860, un four à charbon de pierre dans la verrerie dépendant du château de Moussans.
Peu à peu, les nécessités économiques, la concurrence plus âpre, avaient amené les maîtres verriers à s'adapter au
nouveau système de chauffage des fours, bien qu'ayant leurs usines dans une région admirablement pourvue de bois de
chauffage.
Un four de huit creusets travaillant douze mois consomme aux environs de cinq mille cinq cent stères de bois sec,
soit près de 300 à 350 tonnes selon la densité.
Disons quelques mots sur la Réforme dans la région de Moussans; nos renseignements sont forcément succincts, car rien de bien marquant ne s'est produit
"
Francis de Riols de Fonclare |