|
La manufacture royale de Saint-Pons-de-Thomières |
A la fin du 17ème siècle, de nombreuses manufactures de draps sont créées dans tout
Le Bas-Languedoc, sous l’impulsion du ministère de Colbert (notamment dans le diocèse de Saint-Pons).
La production de ces manufactures est essentiellement destinée à l’exportation vers
le Proche-Orient (surnommé à l’époque «le Levant»).
La production est étroitement surveillée et les directives de Colbert strictement appliquées :
L’Intendant du Languedoc, représentant le pouvoir central, fixe le nombre de manufacturiers
admis à travailler pour le Levant, avec le nombre de pièces de drap à fournir. La qualité
est contrôlée par des inspecteurs qui marquent les pièces et saisissent celles qui ne sont pas conformes.
A Saint-Pons-de-Thomières, plusieurs manufactures sont fondées ;
la plus importante est construite au moulin de Trinquebellane par
Jean-Pierre Amblard, issu d'une vieille famille Saint-Ponaise.
Le moulin reçoit l’eau d’un béal, qui sert de force motrice et qui permet également
de laver les laines et les draps.
Jean-Pierre Amblard développe sa manufacture, il est considéré comme «l’un
des plus considérables maîtres de l’industrie des draps de
tout le Bas-Languedoc ». Son fils Jean-Marie, qui lui succède, étend les constructions
en ajoutant plusieurs annexes et une teinturerie vers 1740
(située près de l’actuel place du Foirail). La manufacture Amblard emploie alors une cinquantaine
d’ouvriers et connaît son apogée
en se voyant délivrer le titre de «manufacture royale» en 1754.
Jean-Marie Amblard est autorisé «à placer à l’entrée du bâtiment principal un tableau aux armes royales portant l’inscription : "Manufacture Royale de Saint-Pons", à marquer de cette même formule le bout de chaque pièce de drap et à faire apposer un plomb portant le même titre ».
Au décès de Jean-Marie Amblard, sa fille, la marquise Rose de Villeneuve
(qui a épousé le marquis
Jean de Villeneuve en 1766)
hérite de la manufacture. L' activité décroît peu à peu jusqu’à la Révolution.
Les biens de la famille de Villeneuve sont mis sous séquestre à
partir de 1794 et pendant plusieurs années en tant que parents d’émigrés.
Sous l’impulsion, de ce nouveau propriétaire, l’ancienne manufacture royale connaît une
nouvelle période de développement pendant la première moitié du 19ème siècle, avant de subir le déclin de l’industrie
drapière du Languedoc.
Draperie au 18ème siècle
Atelier de teinturerie
« En raison des soins qu’il a apportés à ses manufactures par la construction d’une teinturerie et d’ateliers de presse,
d’affineur et de pareur ; en raison de la perfection des ses draps destinés pour le Levant et de sa production annuelle atteignant
le terme de la fixation, soit environ 100 ballots ; en raison de ce qu’il est toujours prêt à seconder les vues de ses supérieurs les
inspecteurs des manufactures de draps, et à se prêter aux besoins de ses concitoyens en augmentant son travail ainsi que le salaire de
ses ouvriers, à ces causes il a plu à Sa Majesté d’ériger la manufacture de Jean-Marie Amblard en Manufacture Royale »
En 1802, la famille de Villeneuve vend pour 40.000 francs à Denis Gely «la manufacture ci-devant royale avec son matériel de
filature et de tissage et ses annexes telles que teinturerie, moulins à foulon, presse, avec toutes leurs appartenances, ustensiles
et attributs, mais aussi une confortable maison d’habitation, hangars, remises, écuries et un jardin situé en terrasse sur la promenade
du Foirail».
En savoir plus sur le commerce du drap au 18ème siècle.