"L’ancienne église paroissiale de
Saint-Pons-de-Thomières, vendue après la Révolution,
n’est plus aujourd’hui, comme propriété privée qu’une écurie et remise ; le toit en est tout délabré et en ruines ;
des maisons se sont élevées en parasites dans ses contreforts ; ses chapelles servent d’appartements ;
les chevaux piétiennent ses morts. Seules présentant un intérêt archéologique, les entrées et voûtes de
chapelles qui sont d’un
joli gothique, et la grande porte d’entrée romane, actuellement murée dans une maison particulière.
Ruines de St Martin-du-Jaur
entourées de maisons particulières
Nous n’avons aucun titre nous donnant une date exacte ou le moindre
renseignement sur la fondation de l’église Saint-Martin-du-Jaur.
La tradition veut qu’elle ait été élevée par le Saint lui-même dont elle porte le nom, sur les
ruines d’un temple païen. (…) Quoiqu’il en soit, il est certain que cette église fut
construite dès que le christianisme fut connu dans le pays, non pas telle qu’elle était
plusieurs siècles après mais plus humble et plus modeste, comme il convenait aux premiers
chrétiens de Thomières.
Des travaux tout récemment ont amené la découverte de substructions
fort anciennes dans la nef, un peu en avant de l’arrière chœur. Elles indiquent une première
construction beaucoup plus petite. On y trouva, il y a peu de temps, un tombeau qui contenait
treize corps allongés les uns directement au-dessus des autres, sans séparations ; les cercueils
de bois, en admettant qu’il y en ait eu, avaient disparu. Les bonnes familles bourgeoises de
Saint-Pons avaient leur sépulture
dans l’église Saint-Martin : de Gartoule, Gleizes de
La Blanque, Pradal, Molinier, Guibbert,
Lemène, Maurin, Verdiguier, Devic.
"...des maisons se sont élevées en parasites dans ses
contreforts"
Lorsque, dans les premières années du 19e siècle, l’église fut vendue, tous les objets du culte
qu’elle renfermait
furent détaillés ; un retable fut acheté par l’église Saint-Etienne-d’Albagnan ; un autre fut installé à la
cathédrale,
dans la chapelle
de Sainte-Germaine, où on le voit encore ; quatre statues en bois doré furent transportées partie à la sacristie et
partie à la clôture de
la cathédrale ; la cloche est aujourd’hui dans l’église de Fraïsse.
Jusqu’à la création du
diocèse de Saint-Pons en 1318,
l’église Saint-Martin-du-Jaur fut administrée par des vicaires que nommait annuellement l’archevêque de Narbonne,
sur la présentation de l’abbé de Saint-Pons.
[En 1336], l’évêque Raymond de Roquecorne, évêque de Saint-Pons l’érige en vicairerie perpétuelle. En 1670,
Mgr Percin de Montgaillard
y établit une réserve, jusque là elle n’en avait pas eu. L’église Saint-Martin-du-Jaur fut seule paroisse de
Saint-Pons et de ses
environs jusque en 1703, époque à laquelle
Mgr de Montgaillard créa les annexes des Verreries et
de Courniou. Elle
avait été unie à
la mense du monastère qui en avait toujours pris les revenus, même depuis l’érection de l’abbaye en évêché.
Le chapitre en était prieur et curé primitif avec un vicaire perpétuel
qui en avait
titre de recteur et quatre secondaires, dont un desservait à l’hôpital la chapelle Notre-Dame-de-Pitié.
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