Saint-Pons-de-Thomières et le Pays Saint-Ponais
Histoire et patrimoine de l'ouest du département de l'Hérault

La famille Thomassin, de Saint-Pons

Les Thomassin constituent une famille de juristes du Saint-Ponais. Ils incarnent les notables du petit bourg, au 18ème et 19ème siècle . L'influence politique de cette famille est grandissante entre 1830 et 1870, représentant les idées bourgeoises conservatrices.

Jean Thomassin est le premier robin de la famille. Son père Didier Thomassin, habitant d'Assignan à la fin du 17ème siècle, a épousé Catherine Farret, issue de la petite bourgeoisie locale, apparentée à la la famille Amblard, dynastie notariale de Saint-Pons (Pierre-Jean Amblard est son oncle maternel, époux d'Anne Farret).
Ainsi, Jean Thomassin est le cousin de Rose d'Amblard, marquise de Villeneuve, et se trouve apparenté aux Vidal, et très indirectement et par alliance aux Treil de Pardailhan.

Jean Thomassin devient notaire à Saint-Pons-de-Thomières en 1741, successeur de Me Pierre Pradal. Dès 1743, il est élu premier consul , fonction qu'il conserve pendant 12 années jusqu'en 1755 (sauf en 1748), confirmant son statut de notable de la petite ville.
Son frère Jacques (1719-1770), officier d'infanterie dans la milice, est le premier militaire de la famille .
En 1744, Jean Thomassin épouse Jeanne Cabrol, dont il a trois fils : Jean-Joseph l'aîné (1), Jean-Marie (2) et Pascal (3).
Me Jean Thomassin a excercé son activité notariale jusqu'à son décès survenu le 30 novembre 1776.

1) Jean-Joseph Thomassin, l'aîné, est né à Saint-Pons le 10 janvier 1745. A l'âge de 32 ans, en 1777, il succède à son père comme notaire. Le 20 février 1781, il se marie avec Elisabeth Nogues.
Pendant la Révolution, il occupe des fonctions plus administatives que politiques. Ainsi, en 1790, il est élu secrétaire-général du directoire du district de Saint-Pons.
A la suite d'accords verbaux passés le 21 juin 1798, Jean-Joseph Thomassin devient propriétaire d'une partie de la ci-devant église paroissiale de Saint-Pons, Saint-Martin-du-Jaur, vendue comme bien national en 1792. Cet accord est passé en acte sous seing-privé le 6 pluviose an 8 (26 janvier 1800), et lui accorde la propriété du "tiers de l'église dite de Saint-Martin-du-Jaur".
Jean-Joseph Thomassin est décédé le 6 juillet 1813 "dans sa maison d'habitation, rue du quai".

- Le fils aîné de Jean-Joseph, en 1787, lui succède à son tour comme notaire à Saint-Pons en 1813. Il est prénommé Jean-Joseph-Marie-Esprit, ce qui l'a fait confondre avec son père; il exerce son office jusqu'en 1834. Il est conseiller municipal de Saint-Pons à la fin de la Restauration, et devient conseiller d'arrondissement après 1830, sous la Monarchie de Juillet.
A partir de 1835, il est magistrat, juge suppléant au tribunal civil de Saint-Pons. Il est décédé à l'âge de 58 ans, le 1er mars 1846.

Thomassin

- Le fils cadet de Jean-Joseph Thomassin, Charles Pascal Thomassin est le 2 mars 1790. Avocat, il épouse en 1816 Marie Bouisson, la fille d'un confère, ancien maire sous le Consulat.
Pascal Thomassin est conseiller général de l'Hérault sous Louis-Philippe, sous la Deuxième République, puis le Second Empire, et fait chevalier de la Légion d'Honneur.
Beau-frère du sous-préfet Jacques Bouisson, il exerce une influence politique considérable dans l'arrondissement durant cette époque. Il a même la réputation de faire et défaire les sous-préfets, qui le craignent :

"M. Thomassin est un homme actif et intelligent. Sa profession d'avoué l'a enrichi et il est membre du conseil général et du conseil municipal.
Décoré, il est enfin tout ce qu'on peut être dans une petite ville comme Saint-Pons, si ce n'est toutefois qu'il est loin d'y être aimé ...
Pendant dix-huit ans, il a été sous-préfet de saint-Pons dans la personne de son beau-frère Bouisson qui était pour lui plein de condescendance. Il y a fait la pluie et le beau-temps. Tout se faisait pour lui et par lui dans l'arrondissement ... Moi, nouveau sous-préfet, je n'ai eu avec lui que des rapports de politesse. Je n'ai aucun doute que vous me fassiez maintenir à mon poste comme un fonctionnaire qui n'a failli à aucun de ses devoirs".

Alfred Voirol sous-préfet de Saint-Pons en 1848, limogé en 1849

2) Jean Marie Thomassin, autre fils du notaire Jean Thomassin et de Jeanne Cabrol, est né le 25 mars 1760 à Saint-Pons-de-Thomières. Egalemment homme de loi, il est greffier au tribunal de Saint-Pons.

Thomassin

En 1792, il épouse Marie Catala, fille de Pierre Catala, bourgeois de Saint-Pons et de Elisabeth Miquel. Il a au moins deux fils prénommés Jean Joseph et Charles-Pascal.
Jean Marie Thomassin est décédé le 6 novembre 1820, à l'âge de 60 ans.

Jean-Joseph Thomassin, fils de Jean-Marie le greffier, neveu et filleul de Jean-Joseph le notaire, est un autre personnage influent de la famille.
Né en 1792, il participe aux guerres Napoléoniennes en tant que sous-lieutenant au 145ème régiment d'infanterie de ligne. En 1812, il aurait sauvé le Prince Poniatowsky lors du passage de la Bérezina.

A son retour à la vie civile, il devient, comme son père, greffier au Tribunal de Saint-Pons.
Le 20 mai 1822, il épouse Marie Madeleine Gavoy, alors âgée de 19 ans, fille de Louis Victor Gavoy, médecin à La Salvetat. Le milieu familial reste celui la justice car l'oncle de l'épouse, Hector Gavoy est juge de paix à La Salvetat.
Le couple a deux filles : Sophie née en 1823 et Marie.

Maison ayant appartenu à Sophie Thomassin
Maison à St-Pons ayant appartenu à Sophie Thomassin

En 1847, Jean-Joseph Thomassin marie sa fille Sophie avec son ami Xavier Bouisson. Ce dernier est avocat, conseiller d'arrondissement et bientôt maire de Saint-Pons de 1852 à 1870 . Il est le frère de Jacques Bouisson, sous-préfet de Saint-Pons de 1830 à 1848, et de Justin juge d'instruction et poète.
La jeune femme a 24 ans tandis que son époux a près de 50 ans ! Ce mariage resserre les liens entre les deux familles et renforce leur influence ...
Ainsi Jean-Joseph Thomassin n'hésite pas à se plaindre du sous-préfet Chérizey, qui lui a manqué de respect :

"... le sous-préfet ne l'a pas invité au Te Deum et à la réunion fêtant la naissance du Prince Impérial et pourtant je suis le père de la femme du maire [Xavier Bouisson] et le seul officier de Premier Empire de la ville."

Lettre de Jean-Joseph Thomassin au préfet de l'Hérault du 21 juin 1856

Xavier Bouisson est en affaire avec la famille Thomassin depuis longtemps : en 1841, il a acheté avec Me Jean-Joseph-Marie-Esprit Thomassin les domaines de Marquit et de Soulages (Courniou).
Jean-Joseph Thomassin est décédé à l'âge de 67 ans "dans sa maison d'habitation au dit St-Pons, rue Villeneuve, des suites d'un gangrène sénile" (le 14 avril 1859).


L'hôtel de ville et le palais de justice de St-Pons vers 1900

Xavier Bouisson et Sophie Thomassin ont eu quatre filles : Marguerite, Laure, Rose et Antoinette. Marguerite Bouisson épouse Ludovic Seré, qui sera juge au tribunal de Saint-Pons à la fin du 19ème siècle, complétant ainsi cette saga familiale de juristes Saint-Ponais.

3) Le dernier fils de Maître Jean Thomassin est Pascal, en 1761. Il est notaire à Olargues de 1813 à 1829.
Il est décédé à Saint-Pons le 8 juillet 1834.

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