
Jean-Rémi Bessieux est né le 24 décembre 1803, à Vélieux
(canton de Saint-Pons) d'une famille
paysanne, établie dans le Haut-Minervois .
La famille Bessieux est très attachée à la religion catholique :
Pendant la Révolution de 1789, alors que les habitants du
district de Saint-Pons soutiennent majoritairement
le clergé constitutionnel,
la famille Bessieux est accusée de donner refuge à
un prêtre réfractaire ; Pierre, le grand-père du missionnaire, est arrêté et conduit à la prison de Saint-Pons.
Il est ensuite relâché, faute de preuves.
François le père, longtemps soldat de l'Empire, et futur maire de Vélieux, a dix enfants. Jean-Rémi, le futur missionnaire
est le second fils .
Doué pour les études, il
est d'abord confié à ses oncles maternels, les deux abbés Rouanet.
A quinze ans, le jeune garçon rentre au séminaire de Castres. Le 13 juin 1829, il est ordonné prêtre à la cathédrale d'Albi,
par l'évêque de Troyes, Mgr Seguin des Hons, ancien
chanoine du
chapître de Saint-Pons (et prêtre réfractaire pendant la Révolution).
Le 1er septembre 1830, Rémi Bessieux est nommé curé de
Minerve, l'une des paroisses les plus pauvres du diocèse.
L'anecdote raconte qu'il fait à pied, aussi vite que possible, et souvent chargé de lourds paquets, le chemin
allant de Minerve à Vélieux, son village natal, afin de s'exercer à la vie de missionnaire.
Peu après, il devient professeur au petit séminaire de
Saint-Pons, récemment créé.
En août et septembre 1841, l'abbé Bessieux rencontre à Paris le Père Libermann, auquel Rome a confié une œuvre
pour l'évangélisation de l'Afrique (Il a fondé la Société du Saint-Coeur de Marie pour l'évangélisation des Noirs,
qui fusionne en 1848 avec la Congrégation du Saint-Esprit ou Spiritains).
Un an plus tard en août 1842, le Père Bessieux quitte Saint-Pons, au regret et à la surprise des élèves du séminaire et des
paroissiens, pour devenir missionnaire.
Lors de son passage à Castres, il est présenté, à la Mère Emilie de Villeneuve, fondatrice en 1836 de
la Congrégation de l'Immaculée Conception. Mère Emilie est issue de la famille
de Villeneuve, très liée à la région de Saint-Pons (Mère Emilie de Villeneuve est la petite fille de Rose d'
Amblard et du Marquis Jean de Villeneuve, et l'arrière-petite-fille
de Monique de Treil ).
Cette rencontre va permettre aux missions d'Afrique
Centrale de s'adjoindre cinq ans plus tard, les Soeurs Bleues de Castres, religieuses chargées de l'éducation des enfants et des jeunes filles.
Après une année de noviciat, Rémi Bessieux s'embarque à Bordeaux le 12 septembre 1843, accompagné de six prêtres
missionnaires et trois laïcs.
Après une traversée d'un mois, sans incident, ils arrivent à Gorée au Sénégal. Le voyage se poursuit ensuite
tragiquement le long des côtes africaines et le petit groupe est décimé peu à peu par la maladie lors des escales
suivantes.
Le 28 septembre 1844, seuls le Père Bessieux et un jeune laïc Grégoire Sey parviennent en Afrique équatoriale
au Fort d'Aumale, établi depuis deux ans à l'estuaire du Gabon. Ce fort n'est alors qu'un point de relâche pour
les navires de guerre qui luttent contre la traite des esclaves : La traite négrière est en effet interdite et
réprimée par la France, mais l'esclavage ne sera aboli dans les colonies françaises qu'en 1848 !
Le lendemain de son arrivée, le Père Bessieux célèbre la messe de fondation des Missions d'Afrique Centrale.
La première lettre du Père Bessieux daté du 12 mars 1845, parvient en France quelques mois plus tard ; Les Saint-Ponais le croient mort :
"Me voici depuis six mois
au Gabon. Je n'ai encore rien pu recevoir depuis notre arrivée en Afrique. Mais la bonté de Dieu me console et
me fortifie. Je me suis adonné tout de suite à l'étude de la langue du pays. Je pense, avec la grâce de Dieu, qu'avant
la fin de l'année, je pourrai m'expliquer sur tout ce qui est nécessaire à croire et à pratiquer. J'agis comme si je
devais toujours rester ici, et j'espère voir bientôt de zélés missionnaires venir encourager et soutenir mes pas
languissants..."
L'Afrique équatoriale reste à cette époque la terra incognita pour les Européens : les expéditions de de
Brazza, qui sont à l'origine de la colonisation du Gabon et du Congo français, ne commenceront qu'en 1875.
En janvier 1846, le Père Bessieux est victime d'une fièvre bilieuse, dont il manque de mourir. Sur la fin de cette même
année, il est atteint d'une grave pathologie hépatique. Après quelques semaines de maladie, il rentre en France.
Durant son séjour en 1847, le Père Bessieux fait imprimer les premiers essais de vocabulaire et de grammaire, de
catéchisme et de traduction des évangiles en langue mpongwe.
En 1848, il est nommé Vicaire apostolique de la Sénégambie et des Deux Guinées et le 14 janvier 1849, il reçoit
l'ordination épiscopale sous le nom d'évêque de Gallipoli (ci-contre son blason épiscopal) .
Dès le mois suivant, Mgr Bessieux reprend la route de l'Afrique accompagné de son coadjuteur
et d'un renfort de missionnaires, et avec les premières Soeurs Bleues de Castres.
Le Vicariat apostolique des Deux-Guinées s'étend alors du Sénégal jusqu'au fleuve Orange, à l'exception des colonies
portugaises de Bissagos et d'Angola !
D'autres sociétés missionnaires viennent plus tard renforcer les Spiritains en Afrique : Missions africaines de Lyon,
des Pères Blancs notamment.
En 1852, l'administration française quitte le Fort d'Aumale pour se transporter sur un plateau devenu aujourd'hui
le centre de Libreville (capitale actuelle du Gabon) :
D'un côté se situent la mission Sainte-Marie, quelques
maisons
françaises et les centres
du Four-à-chaux, de Sainte-Anne et de Saint-Jean, et de l'autre, tout au long de la plage, sur une longueur de plus
de quatre kilomètres, s'étendent les villages et les factoreries étrangères de Pira, de Glass et de Baraka.
Les Sœurs Bleues suivent l'administration à cause surtout de l'hôpital dont elles ont la charge, et c'est là qu'est fondée la mission de Saint-Pierre.
La christianisation des populations de la côte est difficile. Mgr Bessieux n'aura pas l'occasion de s'aventurer à l'intérieur des terres.
L’épiscopat de Mgr Bessieux s'achève le 30 avril 1876, date de sa mort, à Libreville (Gabon).
« Sa prière assidue et son robuste bon sens de paysan des Cévennes, le ramenaient toujours à la claire vision des
choses, et il entreprenait alors, avec la même ardeur, des œuvres nouvelles, passant de la prédication à l’école, et
des études linguistiques aux défrichements des cultures. »
Le souvenir de Mgr Bessieux est encore très présent au Gabon : notamment à travers le collège Bessieux à Libreville
(le plus ancien et un des plus réputés du Gabon).
Une des grandes artères de Libreville porte également le nom de
boulevard Bessieux (Le point kilométrique zéro du Gabon est situé au carrefour Bessieux).