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Minerve, légendaire cité "cathare"
Minerve est la capitale historique du pays minervois. Ce petit village est perché sur un éperon rocheux,
au confluent des gorges de la Cesse et du Brian, constituant un site languedocien exceptionnel d'Occitanie.
A l'époque carolingienne, le Minervois, ou Suburbium Minerbense, est une
circonscription administrative;
la première mention historique de Minerve, "Castrum Menerba", date de 873, lors d'une assemblée
de justice.
La Cesse, le village de Minerve et ses remparts Minerve est resté célèbre pour sa résistance et son sort tragique lors de la croisade des Albigeois. La croisade proclamée par l'Eglise catholique contre l'hérésie albigeoise ("catharisme") débute en 1209 par la prise de Béziers, la reddition de Carcassonne et l'emprisonnement de Raimond-Roger de Trencavel, vicomte d'Albi, de Béziers et de Carcassonne, ainsi que la confiscation de ses domaines. Quelques mois plus tard, Simon de Montfort, le croisé désigné pour succéder à Trencavel à la tête de ces vicomtés, doit faire face à l'opposition de nombreux féodaux languedociens. En juin 1210, les croisés, aidés des Narbonnais, mettent le siège devant le castrum de Minerve, tenu par le vicomte Guilhem de Minerve, considéré comme protecteur des hérétiques.
Porte de l'enceinte du village Les assaillants disposent de machines de siège, qui pillonnent les remparts et la rampe fortifiée conduisant à l'unique puit. Assiégé pendant plus d'un mois, Guilhem de Minerve doit capituler. Simon de Montfort laisse la vie sauve aux habitants, et même aux hérétiques "cathares" réfugiés dans la ville s'ils abjurent leur religion. Environ, 140 d'entre-eux refusent de renier leur foi et périssent sur le bûcher. La famille des vicomtes de Minerve perd définitivement sa forteresse. Guilhem de Minerve reprend plusieurs fois en vain la lutte contre les croisés; son fils, également prénommé Guilhem, participe à la dernière révolte des seigneurs languedociens, en 1240, avant de se rallier au roi de France.
Minerve, les Monts du Minervois et du Pardailhan En 1229, par le traité de Paris, le Minervois est réunit à la couronne de France et compris dans la sénéchaussée de Carcassonne. Minerve devient alors une châtellenie avec un gouverneur royal. C'est de cette époque que date la reconstruction du château et de ses fortifications. Lors de la Guerre de Cent ans, le château de Minerve est un des dispositifs de défense de la région, notamment lorsque le Prince de Galles, dit le Prince Noir, investit le Minervois en 1355. En 1364, des Routiers, mercenaires livrés au pillage, s'emparent de Minerve, avant d'en être délogés par des milices fidèles au roi.
La candela (reste des murs du château)
Entre 1500 et 1632, les barons de Rieux se succèdent comme gouverneurs
du château royal de Minerve.
Ruines des fortifications En 1632, lors de la rebellion du dernier duc de Montmorency contre Louis XIII, François de Rieux, gouverneur de Minerve, s'associe à cette révolte et s'oppose au pouvoir royal. Avec ses troupes armées, ses châteaux de Rieux et Minerve, le comte de Rieux représente une menace militaire pour la ville de Saint-Pons-de-Thomières et il tente par l'intimidation d'obtenir le soutien de son évêque Pierre de Fleyres.Ce dernier, invité à se rendre à Minerve, adopte une position neutre qui permet à la ville de Saint-Pons d'éloigner la menace armée. La défaite du duc de Montmorency en 1632 signe la perte de pouvoir des grands féodaux en Languedoc. Le syndic représentant le diocèse civil de Saint-Pons obtient en 1637 la démantèlement du château de Minerve. Les ruines actuelles datent de la destruction de cette forteresse royale, et non de la période de la croisade.
Le village de Minerve
Dès lors, Minerve n'est plus qu'une modeste seigneurie appartenant au domaine royal et cédée successivement
en engagement à
différents nobles : à Mgr Jean-Jacques Fleyres, au comte
François de Monstiers de Rieux qui prendra le titre de vicomte de
Minerve, puis aux comtes
de Thézan, héritiers des Fleyres, et qui conservent la seigneurie
jusqu'à la Révolution.
Une rue du village
Minerve est au 19ème siècle un village pauvre et isolé de l'
arrondissement de Saint-Pons, vivant de polyculture et d'élevage. Entre 1851 et 1872, la population de la commune se réduit d'un quart, traduisant un important exode rural. Le désenclavement du village n'est réalisé qu'au début du 20ème siècle avec la construction de routes entre Minerve, La Caunette et Azillanet, puis la réalisation de l'imposant pont-viaduc sur la Cesse en 1912.
Minerve et son pont-viaduc construit en 1912 La société rurale minervoise, dont l'auteur Léon Cordes a si bien su évoquer la langue et les traditions dans "Lo pichòt libre de Menèrba", a aujourd'hui disparu. Le voyageur téméraire de l'époque romantique a fait place à de très nombreux touristes qui font vivre l'économie locale, au risque pour le village de perdre un peu de son âme.
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