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Au 18ème siècle, en consultant les tènements du village de Rieussec, nous voyons
que Les Verreries et Moussans étaient rattachées à cette agglomération comme vie locale.
Citons ci-dessous, ces tènements à titre documentaire :
Rieussec, La Mourelarié, Merlac, Moulin de Péribis, La Fignère, Cousses et Brian, Lucarnis, Sainte-Colombe, Balagou, Lautié, Value, La Resse, Verreries, Moussans, Galinié, Lespinassié, La Feuillade, Combesinières, La Borie-Crémade.
Anciennement l'agglomération actuelle des Verreries de Moussans était formée de deux parties :
- L'une à l'est du Thoré connue sous le nom de Fon de l'Estat appartenait à
[la seigneurie de Saint-Pons] ,
- L'autre à l'ouest, dite Les Verreries-Basses faisait partie de la vicomté de Minerve.
Le Thoré délimitait à l'est les terres de Saint-Pons et à l'ouest de
Rieussec (dépendant de Minerve)
Cette agglomération comprenait 154 maisons et environ 334 habitants.
Rappelons brièvement que la vicomté de Minerve était à l'époque carolingienne un chef-lieu de
pagus . Les vicomtes de
Minerve firent hommage de leur seigneurie aux comtes de Carcassonne, dont ils suivirent les vicissitudes.
En 1171, Louis VII revendiqua le Minervois, et il le donna au vicomte de Béziers, à condition que ce dernier relève
directement de la couronne de France .
La châtellenie de Minerve fut remplacée par Louis XI en une viguerie (1255) . Elle fut définitivement réunie à la
Couronne, par Charles VIII qui la racheta en 1483 . Enfin, en 1636, le château fut détruit par ordre du roi.
Cette ville est surtout célèbre par le siège soutenu en 1209 contre les Croisés qui, sous la conduite de Simon de Montfort,
la cernèrent six semaines.
Ruines du château de Minerve, démantelé en 1636
La châtellenie de Minerve s'étendait sur les consulats de Vélieux, Boisset, Azillanet, Cruzy, Siran, Olonzac, et Rieussec.
Nous avons vu précédemment que Moussans et Les Verreries relevaient de Rieussec .
La justice haute moyenne et basse appartenait au Roi de France dans ses châtellenies de Cessenon, Anglès et Minerve.
La justice de la châtellenie de Minerve avait son siège à Siran, où elle était exercée par le viguier de Carcassonne .
Elle s'étendait sur Minerve,
Vélieux, Rieussec, Boisset, Olonzac . La justice d'Olonzac et de Boisset fut ensuite réunie
au sénéchal de Carcassonne et exercée par lui .
En rouge, les terres dépendant de la seigneurie de Minerve;en bleu, les terres dépendant de la seigneurie de Saint-Pons
Pour les appels, Rieussec, Minerve, Olonzac, Boisset relevaient du Sénéchal de Carcassonne. De même Ferrals, Cassagnoles,
La Livinière .
Signalons en passant que Pierre de Riols (fils d'Isaac de Riols) et époux de damoiselle Anne de Cristols, était conseiller
du sénéchal de Béziers (1er juillet 1671) .
On ne peut passer sous silence la juridiction forestière qui intéressait toute cette région car nous verrons souvent
les délits forestiers commis par les gentilshommes verriers réprimés sans pitié par la Maîtrise des Eaux et Forêts .
La juridiction forestière fut établie pour la châtellenie d'Anglès en 1341 par Guillaume de Fontaines, et pour la
châtellenie de Cessenon, elle fut instituée par Robert des Crates.
Les agents forestiers connaissaient "des inféodations du domaine royal, de la recherche des usurpations, de la vente des
bois, des délits forestiers, et de la gestion des forêts".
Les délinquants devaient être jugés dans les limites des vigueries. Les appels avaient lieu à la Table de Marbre à Toulouse
.
La maîtrise des Eaux et Forêts, qui était primitivement à Anglès, à La Bastide-Saint-Amans et à Castres de 1669 à 1672,
fut installée provisoirement à Saint-Pons avec juridiction sur Castres, Puylaurens, sur les diocèses de Saint-Pons
et de Béziers, et sur une partie du diocèse de Narbonne.
Cette Maîtrise fut transférée en 1675 à Saint-Amans et en 1683 à Mazamet.
La partie est de l'agglomération actuelle des Verreries de Moussans, appelée la Fon de l'Estat,
relevait de l'évêque
de Saint-Pons. Faisons une brève étude de ce diocèse, en insistant surtout sur notre région.
Le diocèse de Saint-Pons vers 1750, comprenait quarante et une paroisses.
L'église paroissiale des Verreries faisait partie de la mense capitulaire (le
chapitre cathédral était prieur et curé
primitif de :
Saint-Martin-du-Jaur, Assignan, Cessenon, Ferrals, Fraïsse, Les Verreries,
Montouliers, Pardailhan, Rieussec, Villespassans). L'église des Verreries est placée sous le vocable de Saint-Thomas.
Eglise des Verreries-de-Moussans
L'église paroissiale de Ferrals avait deux annexes : l'une à Authèze, l'autre à Galinier .
De notre époque, Authèze est
une annexe de Saint-Julien des-Molières et Galinier une paroisse d'ailleurs abandonnée.
Dans plusieurs actes, l'église
de Galinier est qualifiée d'église de Notre-Dame-de-Sérières ; C'est par erreur que M; le capitaine de Cazanove
(Saint-Quirin), dans son remarquable ouvrage les "Verriers du Languedoc", parle de l'église de notre-Dame-de-Ferrières, en
disant que ce nom venait de la présence de mines de fer situées dans la région de Moussans ; C'est bien de Sorières. Le nom
de "Sorièras" désignait un ancien domaine qui existait au Xème siècle et dont le nom subsistait encore au XVIIème siècle
dans les actes notariés. Ce nom n'a pas été conservé, et il n'en reste que le col de Serrières (que beaucoup maintenant par
horreur de leur langue natale, dénomment improprement le col de "Cerise" !). L'emplacement du domaine de Sorièras
correspondait à celui de l'église d'Aymard dite anciennement de Sérières dans la commune de Ferrals, en face les hameaux
d'Aymard et de Galinié.
L'église de Rieussec en Minervois, placée sous le vocable de Sainte-Marie, faisait partie de la mense capitulaire. Nous ne
pouvons pas le laisser sous silence, car pendant longtemps les Verreries relevèrent de Rieussec pour la
partie située sur
la rive gauche du Thoré.
Eglise de Rieussec
L'Assemblée de l'assiette du diocèse se tenait à
Saint-Pons en présence de l'évêque. Y prenait part, un commissaire
principal, le viguier-juge en la justice ordinaire de l'évêché, le premier consul, maire de la ville de Saint-Pons
"assistés de messieurs les Maires et Consuls et députés des sept lieux principaux" savoir :
Olargues, Cessenon, Cruzy, Olonzac, La Livinière, Anglès, La Salvetat .
Pour exercer la justice dans la seigneurie, l'évêque avait un viguier dans les lieux suivants :
La Salvetat, Saint-Pons.
Un bailli l'exerçait à La Bastide, et un autre à Saint-Pons .
La juridiction de l'officialité s'étendait sur toutes les paroisses du diocèse et appel des ces jugements étaient portés
devant l'officialité métropolitaine de Narbonne .
Quand en 1801, les divisions ecclésiastiques furent remaniées selon les circonscriptions
administratives de l'époque, elles furent établies de la façon suivante :
Le canton de Saint-Pons comprenait : une paroisse à Saint-Pons avec sept succursales :
La paroisse de Saint-Pons, comprenant le territoire de cette commune, sauf les anciennes paroisses de Courniou et des
Verreries.
La succursale de Courniou comprenait les hameaux de Prouilhe, de Marthomis, et autres,
formant l'ancienne paroisse de Courniou quand celle-ci dépendait de Saint-Pons.
La succursale des Verreries de Moussans comprenait le territoire de l'ancienne paroisse des Verreries qui dépendait de
Saint-Pons, plus une partie de la paroisse de Rieussec, elle s'étend aussi sur l'ancienne succursale de Galinier, qui
dépendait de Ferrals.
La succursale de Rieussec comprenait tout le territoire de cette commune sauf la partie formant l'ancienne paroisse
des Verreries, plus le territoire de la commune de Vélieux.
Cette opposition de la rive gauche du Thoré relevant de Minerve, avec la rive droite relevant de Saint-Pons, fut
longtemps maintenue. La partie gauche fit partie de la commune de Rieussec, et la partie droite de la ville de
Saint-Pons, jusqu'à la loi du 12 mars 1864, qui créa une commune autonome."
Francis de Riols de Fonclare |