"De nos jours, le Minervois est avant tout, dans l’esprit de bien des gens, une région productrice de
vins d’appellation "Minervois" (appellation d’origine contrôlée depuis 1985) répartie sur l‘est de l’Aude
et l’Ouest de l’Hérault. Il convient cependant de préciser les faits en tenant compte des données historiques.
Le Minervois viticole
Étalé sur les pentes méridionales de la partie la plus élevée de la Montagne Noire, dernier contrefort du Massif
Central, le Minervois est une région géographique dont les limites ont été fixées par la volonté de l’homme.
Son nom vient du village de Minerve perché dans l’Hérault, sur le plateau du
Causse occidental : sa position naturelle exceptionnelle en fera rapidement une forteresse ; mais
il est probable que c’est de Minerve que la région a été christianisée : Saint Rustique et son clergé
narbonnais y ont été très actifs, et l’autel de marbre blanc consacré en 456 par cet évêque de Narbonne
en reste un émouvant témoin.
Le village de Minerve
Ce fut une circonscription administrative qui se constitua à la fin de l’Empire romain décadent, livré
aux invasions barbares. Durant cette époque trouble, les évêques, très souvent hommes d’action énergiques
élus par leurs fidèles, représentaient une autorité réelle et stable ; en répandant le christianisme,
leur clergé organisait en quelque sorte le monde rural par la création des paroisses.
À l’époque carolingienne, le Minervois (Suburbium Minerbense) était la subdivision du Pays Narbonnais
(Pagus Narbonensis) vers l’Ouest et au Nord de la rivière Aude. [Du fait de son importance, le Suburbium Minerbense
est aussi appelé le Pagus Minerbensis]. La circonscription ecclésiastique,
créée semble-t-il au 9ème siècle et calquée sur les limites de la circonscription civile déjà existante,
en perpétue le souvenir et permet d’en retrouver les frontières, même au-delà de l’époque féodale.
L’autorité du vicomte de Minerve était loin de recouvrir l’ancien Minervois, pas plus d’ailleurs
que la viguerie royale du Minervois, créée au XIIIe siècle, après l’annexion à la Couronne.
Le Minervois authentique, d’abord administratif, tant pour le pouvoir civil que pour le pouvoir religieux,
et devenu historique par son ancienneté, n’existe plus aujourd’hui. Il a disparu avec l’abolition délibérée
des Pays de l’Ancien Régime, et la création des départements par la Révolution en 1790 [Erreur d'Elie Griffe:
le Minervois avait déjà été
divisé par la création du diocèse de Saint-Pons en 1318].
Scindé entre Aude et Hérault, son souvenir est resté vivace cependant, même si les limites de l’Ancien Minervois
ne s’adaptent pas exactement aux terroirs produisant le cru "Minervois".
Le Minervois historique à l'époque carolingienne : Suburbium Minerbense
Après ces considérations générales, précisons en les détails :
- Au Nord, les limites allaient du Pic de Nore à la source de la Cesse, en suivant la ligne de crête,
puis la ligne de partage des eaux du bassin de la Cesse et du bassin du Jaur.
- À l’Est, la limite suit la vallée de la Cessière : Saint Martial, sur le bord de l’eau, était
en Minervois, tandis que Saint Jean, à 2 km, était en Narbonnais.
Agel, Assignan, Villespassans,
Montouliers, Bize, Argeliers, Mailhac, Pouzols, Argens, Tourouzelle, Castelnau, Roquecourbe et
La Redorte relevaient du Narbonnais.
- Au Sud, la rivière Aude faisait limite entre Arzens et la Redorte (en Narbonnais) ;
puis la limite passait à la bordure nord de l’étang de Marseillette (encore non asséché),
puis au sud de Laure, atteignant la limite du Cabardès vers Sallèles et Villarzel (en Cabardès).
Malves, Trèbes, Badens, Aigues-Vives et Puichéric étaient en Carcassès.
- À l’Ouest, la vallée de la Clamoux marquait la limite entre Cabardès et Minervois, cependant Castans,
Cabrespine et la chapelle Saint Mamès dépendant de Villeneuve, étaient en Minervois."
D’après Elie Griffe «Histoire religieuse des anciens pays de l’Aude»
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