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Olonzac en Minervois
Le bourg d'Olonzac appartient au Minervois historique, dont il constitue aujourd'hui la capitale économique, à l'extrême sud-ouest
du département de l'Hérault, ancien chef-lieu de canton de l'ancien arrondissement de Saint-Pons-de-Thomières.
"Olonzac
est placé au centre d'une plaine magnifique, où convergent tous les côteaux du Minervois, où viennent de
toute part se déposer les alluvions de la Montagne Noire, des collines des Mouleyres et de la Serre d'Oupia. [...] il a succédé à Minerve comme
véritable capitale du Minervois" ( d'après Jean Miquel, dans BSLG, 1895).
Le bourg d'Olonzac
La plus ancienne mention d'Olonzac remonte à l'époque carolingienne, en 852 : "Olentiacim, villa in pago Narbonensi". En 1095, le
premier seigneur du lieu connu,
Oton d'Olonzac apparaît dans l'Histoire Générale du Languedoc, au côté du vicomte de Minerve.
Texte religieux en occitan A partir de 1209, la Croisade contre les Albigeois bouleverse toute la région. Les Olonzac adoptent des attitudes diverses, alors que leur suzerain le vicomte Raymond Roger de Trencavel est emprisonné, dépossédé de ses biens, et meurt peu après la prise de Carcassonne. En 1211, après la capitulation de Minerve, les Olonzac font allégeance à Simon de Montfort, qui s'est emparé des vicomtés des Trencavel. Pourtant en 1217, Frotard d'Olonzac participe à la défense de Toulouse contre les Croisés; il est convaincu de faidiment, et donc privé de ses terres et excommunié. Les habitants d'Olonzac (et d'une trentaine de villages aux alentours) "qui avaient embrassé l'hérésie albigeoise" sont également excommuniés par le légat du pape. Raymond Trencavel, fils mineur du vicomte déchu parvient, entre 1224 et 1226, avec l'aide de son tuteur le comte Roger-Bernard de Foix et du comte Raymond VII à reconquérir Carcassonne et son vicomté. Trencavel peut réinstaller ses vassaux ou leurs descendants dans leurs fiefs; ainsi il "donne à fief le château d'Olonzac à Frotard et Ponce de Saint-Félix, fils de feu Sicard d'Olonzac et de Dame Ayceline son épouse ... tout l'honneur que Bernard Amalric d'Olonzac eut et posséda autrefois ... sur les hommes, les femmes, les terres et les vignes, maisons et habitations ..." Bataille lors de la Croisade Albigeoise
Deux ans plus tard , le roi Louis VIII reconquiert les vicomtés de Trencavel. Dès lors, la situation de la famille d'Olonzac est compromise :
Frottard d'Olonzac et Ave fille de Bernard d'Olonzac sont dénoncés comme cathares; plusieurs membres de la famille sont assassinés. La seigneurie d'Olonzac
est considérée comme une terre de conquête d'abord attribuée à Simon de Amolio puis annexée par deshérence au domaine royal.
En 1309, le roi Philippe Le Bel échange avec Raymond de Durban la terre d'Olonzac, contre les droits seigneuriaux que possède ce dernier
à Leucate, pour y construire un port. Souhaitant rester sous la protection du roi,
les consuls d'Olonzac, dont l'institution date de cette époque, tentent en vain
d'obtenir, en 1321, l'annulation de cette transaction; les Durban restent seigneurs d'Olonzac pendant près d'un siècle.
Vu du ciel, l'emplacement circulaire des remparts d'Olonzac Le 14ème siècle est marqué par une grande épidémie de peste en 1348. Les conséquences de la Guerre de Cent-Ans atteignent le Minervois en 1355 avec l'équipée du Prince de Galles, dit le Prince Noir, qui ravage la région, mais épargne Olonzac. Des bandes de Routiers maintiennent l'insécurité plusieurs années durant. A la fin du 14ème siècle, ces évènements conduisent les habitants à bâtir de nouvelles fortifications autour de la ville, dont on peut toujours deviner l'emplacement de nos jours. Une nouvelle église, dédiée à Notre-Dame est également construite, l'ancienne église romane Saint-Jean-du-Puy étant jugée trop petite. En 1405, la terre d'Olonzac est confisquée par le roi à Guillaume de Durban, condamné à mort comme faux-monnayeur. Olonzac redevient une seigneurie royale, avec des droits pour ses habitants. Ce grand avantage de ne plus dépendre d'un seigneur particulier, est inscrit dans ses armoiries, qui comportent les trois fleurs de lys royales.
Armoiries d'Olonzac, où figurent les fleurs de lys du roi de France Au cours du 15ème siècle, dans une période de plus grand stabilité et d'organisation administrative, Olonzac devient une ville diocésaine : un représentant olonzagais est désigné chaque année à l'assiette du diocèse de Saint-Pons-de-Thomières, qui prend des décisions notamment en matière de répartition de l'impôt. Enfin à tour de rôle avec les autre villes diocésaines, tous les sept ans, Olonzac envoie un délégué aux Etats de Languedoc. Les guerres de religion atteignent la région saint-ponaise en 1567, lorsque Saint-Pons et Saint-Chinian sont occupés et pillés par les protestants. Le siège de l'assiette diocésaine est temporairement transféré à Olonzac. En 1570, les troupes protestantes pénètrent dans le Minervois, mis à sac, mais épargnent Olonzac, solidement défendu. Les archives de la ville conservent la nom du capitaine Pierre Vitalis, qui commande la garnison vers cette époque. Les fortifications de la ville sont renforcées, alors que les forces protestantes restent redoutables dans la région, comme lors de la prise de Minerve en 1582.
Délibération de la communauté d'Olonzac, en 1597 : Pierre Vitalis, consul A partir de 1588, une guerre de position oppose les ligueurs du duc de Joyeuse, catholiques intransigeants, aux partisans du duc de Montmorency, regroupant protestants et catholiques fidèles au roi. Ces derniers tiennent Olonzac, ce qui leur permet de gagner la bataille d'Azillanet en 1591. La paix s'installe en 1592 après la trêve du Mas-de-Barbieu. Un trentaine d'années plus tard, en 1620, Olonzac est à nouveau menacé par les affrontements politico-religieux, lorsque les troupes protestantes de duc de Rohan tentent en vain de s'emparer du bourg fortifié, défendu avec succès par ses habitants.
En 1632, le duc Henri II de Montmorency, gouverneur de Languedoc, entre en rébellion contre
l'autorité de Louis XIII, en s'associant à Gaston d'Orléans, frère du roi, et contre les réformes du ministre Richelieu. La plaine, près d'Olonzac Après cet épisode, Olonzac et le Minervois entrent dans une période de paix, sinon de prospérité. Des familles bourgeoises sont apparues, exerçant une forte influence sur la bourgade, comme les Gasc, les Mialhe, ou les Roger, ces derniers formant une dynastie de notaires.
En 1640, la communauté des habitants doit faire face
à la vente de la seigneurie par le roi, à Mgr Jean Jacques de Fleyres, qui en devient seigneur engagiste. Dans les années suivantes, les
habitants décident de surenchérir pour racheter la seigneurie et la rendre au roi. Le prix de rachat est important, alors
que la communauté d'Olonzac doit assumer
de nombreuses dépenses,
comme celle de
l'étape, consistant aux passages de régiments qu'il faut nourir et loger, tout en évitant les débordements parfois violents des militaires.
Le canal du Midi, près d'Olonzac La fin du 17ème siècle amène la construction du canal du Midi, qui traverse les terres d'Olonzac, améliorant considérablement les échanges commerciaux, mais entrainant aussi de fréquentes inondations lors des crues de la rivière Ognon, jusqu'à la construction en 1826 d'un pont-canal.
Le début du 18ème siècle est marqué par le grand hiver de 1709, qui entraine la perte des cultures et le gel des oliviers, une des grandes sources de
revenu agricole du Bas-Minervois. La famine est terrible et les habitants contraints de manger de l'herbe : " tout le monde fut réduit d'en manger
pour s'alimenter et
pour s'empêcher de mourir de faim [...] Et l'on vit des êtres humains errer demi-nus et décharnés dans les
terres et les bois broutant l'herbe des champs et défendant
sauvagement leur pâture contre les loups et les sangliers", comme l'écrivent les consuls du village voisin d'Azillanet. Plan de pont sur l'Ognon, au 18ème siècle
Au milieu du 18ème siècle, Olonzac est devenu plus prospère, considéré comme "un pays gras et fertile, le meilleur de tout le diocèse, on y recueille des blés,
du vin et de l'huile, les bestiaux y font un revenu
assez considérable, attendu que les laines en sont plus estimées ..." Olonzac sur la carte de Cassini au 18ème siècle
En 1760, survient un dernier rebondissement concernant la seigneurie d'Olonzac, qui est revendue à un particulier: Jean Baptiste
Cachulet,
marchand de Carcassonne, est fermier du domaine royal, et achète au roi " le domaine d'Olonzac,
consistant en censives, tasques, albergue, droits de
lods et autres droits utiles et honorifiques
appartenant à Sa Majesté au dit lieu d'Olonzac ...".
Début 1789, alors que se préparent les élections pour l'assemblée des Etats-Généraux, Pierre Lafont de Savigne, premier
consul et maire d'Olonzac, prononce
un discours revendicatif lors de l'assemblée communale: "Le cri universel de toutes
les villes de la province pour la liberté patriotique nous invite à
réclamer nos droits...". En mars 1789, le cahier de doléances d'Olonzac, présente un véritable programme
de réformes. Fronton républicain de la mairie d'Olonzac, ancien château Laur
Au 19ème siècle, la vigne devient la principale culture d'Olonzac, entrainant l'enrichissement et le développement de la commune. Plafond du café Plana d'Olonzac, classé monument historique (vers 1870)
Entre
1885 et 1915, le maire radical-socialiste Louis Blazin (1859-1915) est le modernisateur de la petite
cité pendant son
long mandat (achat de la mairie, aménagement de places et boulevards, éclairage public etc...). Marché du mardi, à Olonzac
De nos jours, Olonzac est une petite bourgade, groupant commerces, administrations, collège, dont l'activité principale reste la viticulture,
avec la production d'un vin AOC Minervois, désormais réputé.
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