"Nous avions entrepris avec M. Sahuc, notaire, conseiller général de l'Hérault,
une étude sur les verreries forestières de Moussans, et nous nous étions partagé ce travail nécessitant de nombreuses
recherches tant dans les archives notariales, que dans les archives du Parlement de Toulouse, et également
au point de vue technique.
Malheureusement, en juin dernier, la mort ravissait M. Sahuc à l'affection de sa famille et de ses nombreux amis. Sa bienveillance et sa bonté resteront gravées dans notre cœur.
Nous le remercions de tous les renseignements qu'il avait mis à notre disposition, et qui nous ont permis de terminer ce travail, que nous avions commencé ensemble.
Nous remercions également M. Berthelé, archiviste du département de l'Hérault, M Loirette, archiviste du département de
la Haute-Garonne, M. Portal, archiviste du département du Tarn, d'avoir eu l'obligeance de mettre à notre disposition
les documents qui nous intéressaient.
Voici le plan général de l'ouvrage :
Dans l'introduction, nous nous sommes occupés brièvement
des principales chartes
régissant les rapports des gentilshommes
verriers entre eux et avec le pouvoir royal, nous avons rappelé les
institutions de Sommières qui veillaient à
l'application des statuts édictés, soit par la coutume ou par les assemblées générales. Les gentilshommes verriers
constituaient vraiment un "corps" avec des règlements et des juges spéciaux.
Pourquoi les verreries forestières se sont-elles installées dans la région Moussanaise plutôt là qu'ailleurs, tel est
l'objet du livre I, étudiant la géographie et la géologie
de cette région. Une série de matières premières existaient aux environs immédiats de Moussans ; d'autre part, les
communications étant difficiles, les verreries devaient s'installer à proximité pour
s'approvisionner aisément en combustible et en matières premières.
En économie politique, on constate souvent que les richesses géologiques ou géographiques sont créatrices de
centre de population : pendant deux siècles, malgré
la pauvreté des ressources agricoles, la région de Moussans eut une ère de prospérité. Mais l'avènement de la manufacture,
du chauffage au charbon et l'émigration des habitants vers les plaines plus fertiles, amena la décadence de
l'industrie du verre qui était restée régionale pendant longtemps.
Dans le livre II, nous avons étudié la plupart des familles de gentilshommes verriers,
en insistant sur la nôtre. Beaucoup ont continué jusqu'à nos
jours le métier de verrier, et cela représente une fidélité de plus de quatre siècles à une profession et à une région.
Dans le livre III, nous avons étudié les moyens et les modes de production.
D'abord la fabrication, et ensuite la vente.
Au sujet de la fabrication, nous avons indiqué les fours de fusion employés pour le chauffage au bois, les fours
à recuire ou arches, le matériel employé. Nous avons énuméré la plupart des
objets qui se fabriquaient au 15ème, 16ème, 17ème et 18ème siècles, certains d'entre
eux se fabriquent encore et sont même d'une vente constante.
Au sujet de la vente, nous avons signalé les familles Moussanaises allant dans toutes les provinces voisines, transporter par charretée les marchandises fabriquées à Moussans.
Après avoir étudié les conditions de salaires et esquissé la vie sociale des gentilshommes
verriers au 17ème siècle,
nous avons tracé les effets de la Réforme dans cette région.
La plupart des familles avaient embrassé le protestantisme,
mais dès la fin du 17ème siècle, les abjurations se sont multipliées, moins par la violence que par la persuasion et
l'extrême bonté de l'évêque de Saint-Pons,
Pierre-Jean-François de Percin de Montgaillard.
Nous serons heureux si au cours de cet ouvrage, le lecteur s'intéresse aux Verreries de Moussans, aujourd'hui petit
village à demi abandonné, mais qui, sous l'Ancien Régime eut beaucoup de renom pour ses nombreuses verreries forestières. Nous avons ainsi rendu hommage à cette petite patrie, à la famille dont nous sommes issus, et aux
familles auxquelles nous sommes alliés."
Francis de Riols de Fonclare |