Saint-Pons-de-Thomières et le Pays Saint-Ponais
Histoire et patrimoine de l'ouest du département de l'Hérault

La baronnie de Pardailhan

La baronnie de Pardailhan s'étendait sur le territoire des communes de Pardailhan et Saint-Jean-de-Minervois, sur plus de 7000 hectares, limitée par le Minervois à l'ouest, les terres des abbayes de Saint-Pons et Saint-Chinian au nord et à l'est. Composée des paroisses de Pardailhan, Saint-Jean-de-Dieuvaille et Saint-Martial, la seigneurie comprend une vingtaine de hameaux qui constituent avec leurs territoires les différentes masades.

Au début du 13ème siècle, Le Pardailhan relève du vicomte de Minerve. Lors de la croisade des Albigeois, la seigneurie et le château (à Pardailho) sont confisqués au profit du Roi de France, pour crime d'hérésie.


Carte de Cassini (18ème siècle)

L'histoire seigneuriale de la région est marquée durablement par les conquêtes et annexions de cette croisade: les seigneuries du Minervois et d'une partie du Saint-Ponais deviennent propriété du domaine royal.
Le Pardailhan est alors attribué pour une part à la famille de Thurin (en 1234), des chevaliers croisés originaires de Bourgogne, qu'il faut récompenser. Cette portion est transmise à leurs héritiers jusqu'au 14ème siècle (Sicart de Montaud, Jourdain de L'Isle-Jourdain).


Armoiries de la famille de Thurin

En 1379, le domaine royal exerce son droit de prélation, et s'approprie une part de la seigneurie. Trois ans plus tard, Charles VI confirme alors les "libertés et franchises du Pardailhan", et notamment le droit d'élire des consuls pour représenter les habitants.
Un châtelain royal siège même au château de Pardailho au début du 15ème siècle. Le domaine royal conserve la majorité des parts de la seigneurie (11 sur 21 parts !), le pouvoir du Roi est encore représenté au 16ème siècle par un "bailli royal".


Ruines de Pardailho

Jusqu'au début du 17ème siècle, Le Pardailhan appartient également à plusieurs co-seigneurs, qui ne résident pas sur la terre et qui n'exercent qu'une autorité distante. Les familles de Guerin du Tournel, de Maurin, de Brettes, de Roquefeuil, de Beauxhostes, de Brugairoux se succèdent au cours des siècles, ne détenant que des portions de la seigneurie


Reconnaissances seigneuriales de "Pardeillan" en 1410

Vers 1660, Francelin de Brugairoux bâtit son château au hameau de Pontguiraud (ou Ponguiraud). Ruinés, ses héritiers doivent le revendre avec leurs parts de seigneurie à François de Portes. Ce dernier rachète toutes les portions de seigneurie, devient engagiste de la part du domaine royal (c'est à dire seigneur au nom du roi). Il est reconnu par la Cour des aides de Montpellier comme "seigneur direct, foncier et universel de la baronnie de Pardailhan", et s'intitule désormais baron de Pardailhan, comme le feront tous ses successeurs.


Jean-François de Portes coseigneur avec le roi de la baronnie de Pardailhan

De 1673 à 1750, la famille de Portes de Pardailhan exerce un pouvoir tyrannique sur les habitants: des Pardailhanais sont battus, le curé menacé, des procédures judiciaires se multiplient.
Dans le même temps, le baron de Portes rassemble au hameau de Pontguiraud, autour de son château les pouvoirs de la seigneurie: cour de justice, greniers pour le prélèvement des droits seigneuriaux, péage; il impose également le transfert de l'église paroissiale à Ponguiraud (réalisé en 1751, par son successeur).

pardailhan dit pontguiraud
Château de Pardailhan, à Pontguiraud

Le baron François-Joseph de Portes de Pardailhan, devenu président au Parlement de Toulouse est également seigneur de Villespassans et d'Assignan, terres héritées de sa famille maternelle Cabrerolles de Villespassans. C'est un personnage important de la noblesse parlementaire languedocienne.
Vers 1745, il cherche en vain à ériger les trois seigneuries en marquisat. Il vend alors ces seigneuries et notamment celle de Pardailhan en 1750 à François de Treil, fraîchement anobli par l'acquisition d'un office de secrétaire du roi (anoblissement au premier degré).

Les relations entre le nouveau seigneur et les habitants sont apaisées. François de Treil de Pardailhan également seigneur de La Caunette et Aigne donne en 1782 la baronnie de Pardailhan à son fils, Thomas-François lors de son mariage.

pardailhan dit pontguiraud
le hameau de Pontguiraud vers 1907, aujourd'hui appelé Pardailhan

Le dernier seigneur baron de Pardailhan, Thomas-François est un noble libéral: ancien mousquetaire, lieutenant-colonel d'infanterie, "conseiller-maitre d'hôtel" du Roi à Versailles, il s'engage en faveur de la Révolution et devient même député de Paris en 1791-92 ... ce qui ne l'empêche pas de réclamer à la même période le paiement des droits seigneuriaux à Pardailhan.
Les Treil de Pardailhan, dernière famille seigneuriale quittent Pardailhan en 1829.

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