En 1620, l'abbé et les religieux de Saint-Chinian signent un premier concordat pour affilier leur
abbaye à la Congrégation de Saint-Maur,
créée en 1618 afin de réformer l'ordre Bénédictin en
pleine décadence,
et revenir à un régime monastique strict et à l'accomplissement fidèle de la règle bénédictine.
Les mauristes ne s'installent à Saint-Chinian qu'en 1629, après la signature d'un nouveau concordat, confirmant les précédents.
Comme ainsi soit par laps de temps à cause des troubles que les guerres civiles ont apportées à ce royaume de France, et l'entière ruine de la plupart des monastères et abbayes causée
par les hérésies, la discipline régulière a été grandement relâchée, notamment en pays de Languedoc,
et entre autres, l'abbaye et monastère de Saint-Chinian de la Corne reçut une notable altération,
désirant certains religieux dévots, et notamment R.P. frère Tarbouriech docteur en sainte Théologie, prieur claustrier et précenteur dudit monastère,
Louis de Bosquat bachelier ès droits et sacristain, Anthoine Belot docteur aussi en sainte Théologie et camerier, tous prêtres et religieux profès, portés d'un zèle de l'honneur de
Dieu de la faire revivre, et en tant qu'est en eux la remettre en son ancienne splendeur an la dite abbaye,
ayant senti la bonne odeur et vu le grand progrès que la congrégation réformée de Saint-Maur fait en plusieurs endroits du royaume,
auraient donné avis et fait entendre à messire Félician du Faure seigneur et abbé commendataire dudit lieu de Saint-Chinian qu'ils ont toujours reconnu porté
d'un saint désir d'avancer la gloire de Dieu à la réforme de la dite abbaye,
qu'il n'y pourrait y avoir expédient plus aisé ni moyen plus facile pour y parvenir et permettre que les religieux de son dit
monastère s'agrègent à ladit congrégation,
et que par ce moyen non seulement ils rétabliront l'ancienne observance de la Règle et
constitutions de l'Ordre en icelui, mais encore donneront l'entrée en une réforme générale en tous les monastères de ce pays de Languedoc.
A cause de quoi ils l'auraient très humblement supplié vouloir favorisé leurs pieux desseins et seconder leurs saintes intentions.
Ce que par ledit Abbé entendu ... aux voeux et louables desseins desdits religieux, et désirant participer au fruit d'une oeuvre de si grand mérite, et donner le commencement
en ce pays à la réformation d'un ordre jadis si florissant et utile en l'Eglise de Dieu, ce jourd'hui neuvième du mois de juin,
l'an mil six cent vingt, régnant très chrétien prince Louis, par la grâce de Dieu, roi de France et de Navarre, dans le dit lieu de Saint-Chinian, au diocèse de
Saint-Pons-de-Thomières, par devant moi, notaire royal soussigné et préents les témoins bas nommés, constitué en personne
Messire Felicain du Faure seigneur et abbé commendataire dudit lieu de Saint-Chinian, lequel tant pour lui que pour ses successeurs à l'avenir à perpétuité sous le bon plaisir de Notre
Saint-Père le pape et de Sa Majesté, a convenu, transigé et accordé avec les dits religieux et communauté lesdits Révérends Pères frère
Pierre Tarbouriech prieur claustral, et Antoine Belot syndic, tant pour eux que pour lesdits religieux et communauté présents stipulant et acceptant comme s'ensuit.
Premièrement a consenti et consent ledit sieur abbé que les dits religieux se puissent unir et agréger à la dite congrégation Saint-Maur, garder les règles et constitutions d'icelle,
et subir les visites des supérieurs de la dite congrégation [...]
Fait et récité dans le dit monastère après midi, en présence de Louis Norquier praticien de Cessenon, et Barthélemy Andral habitant de Saint-Chinian, signés à l'original avec les dits sieur Abbé, prieur claustrier et syndic,
et moi Pierre Paliez, notaire royal du dit Cessenon, qui requis en ai retenu acte, de laquelle ai tiré le présent extrait dûment collationné, en foi de ce me suis soussigné.
D'après "L'abbaye mauriste de Saint-Chinian" Bernard Chédozeau, Cahier X de la Société archéologique, scientifique et
littéraire de Béziers
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